Plongée dans l'embarras, une députée fédérale de l'Ontario, Ruby Dhalla, a démissionné de ses fonctions de critique libérale en matière de multiculturalisme et de jeunesse après que des aides domestiques employées par sa famille se furent plaintes de mauvais traitements.

Le quotidien Toronto Star a révélé mardi que deux aides engagées pour prendre soin de la mère de la députée, qui a de la difficulté à marcher, dans la résidence familiale de Mississauga, ont eu maille à partir avec les Dhalla. Les deux femmes de 31 et 37 ans, Magdalene Gordo et Richelyn Tongson, soutiennent qu'elles ont été employées illégalement, forcées de faire des tâches qui n'avaient rien à voir avec leur contrat et qu'elles travaillaient de 12 à 16 heures par jour pour gagner 250 $ par semaine. L'une a dit que la députée lui a confisqué son passeport, l'autre affirme avoir eu de la difficulté à se faire payer son dû lorsqu'elle a démissionné.

Mme Dhalla a nié en bloc les allégations. Mais en deux jours, l'affaire a pris des proportions démesurées à Ottawa. La députée de Brampton-Springdale a donc choisi, mercredi, de démissionner de ses fonctions de porte-parole chargée du multiculturalisme et de la jeunesse, pour «s'employer à prouver son innocence».

«Je collaborerai avec les responsables compétents pour veiller à ce que les faits concernant le recours par ma famille à des aides résidents soient clarifiés et rétablis, et je compte défendre énergiquement ma réputation», a souligné Mme Dhalla, dans un communiqué.

Première députée sikhe

Élue la première fois en 2004, elle a été la première femme sikhe à siéger au Parlement à Ottawa. Bien qu'elle démissionne de ses fonctions de critique, elle conserve son siège de députée.

Devant le tollé soulevé, le chef libéral, Michael Ignatieff, s'est fait discret, mercredi et s'est contenté de publier une brève déclaration, dans laquelle il dit «attendre avec intérêt que les faits concernant le recours par sa famille à des aides résidents soient établis». Il accepte la démission de Mme Dhalla de ses fonctions de critique, mais se garde bien de prendre la défense de sa députée.

Alexandra Mendès, députée libérale de Brossard-La Prairie, a pour sa part assuré que le caucus était derrière Mme Dhalla et l'appuyait dans ses démarches.

En après-midi, le critique libéral en matière d'Affaires étrangères, Bob Rae, a jugé que la députée avait pris la bonne décision en démissionnant de ses fonctions le temps de réhabiliter sa réputation.

«Elle a eu une conversation sérieuse avec le chef, il y a maintenant des enquêtes en cours et elle veut être capable de nettoyer son nom. Elle est convaincue que les allégations contre elle ne sont pas fondées. Et elle a le droit de se défendre, a dit M. Rae. Il y aura, je crois, des enquêtes au niveau fédéral comme provincial. On ne peut préjuger de l'issue de ces enquêtes.»

Les conservateurs n'ont quant à eux pas hésité à sauter sur la controverse pour condamner la députée.

«Les lois du travail protègent tous les travailleurs au Canada, qu'ils soient des aides familiales étrangères ou non. Si ces aides familiales ont été payées moins que le salaire minimum en Ontario et que les lois provinciales ont été bafouées, on espère que le ministre ontarien du Travail appliquera la loi et qu'il n'y aura pas de passe-droit pour les libéraux fédéraux», a sommé la ministre d'État pour la Condition féminine, Helena Guergis.

«Pendant trop longtemps, les femmes, en particulier les immigrantes, ont été des victimes, a ajouté la ministre conservatrice. Elles avaient peur de porter plainte. Or, elles ont des droits. Peu importe qui elles affrontent, même si c'est une députée, le gouvernement les protégera.»