Le Canada est prêt à ouvrir ses portes aux centaines d'Afghans dont la vie est en danger après avoir travaillé avec ses militaires et ses diplomates, a appris jeudi La Presse Canadienne.

 

Le ministre de l'Immigration, Jason Kenney, a affirmé qu'il peaufinait les derniers détails d'une politique qui permettra aux Afghans dont la vie est menacée en raison de leur collaboration avec le Canada d'y trouver refuge.

Contrairement aux autres pays membres de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN), le Canada ne possède pas de politique d'immigration humanitaire pour les employés locaux.

Les Afghans qui ont été sévèrement blessés alors qu'ils travaillaient avec l'armée canadienne ou qui seront capables de démontrer que leur vie est menacée seront admissibles à un programme leur permettant d'entrer rapidement au pays.

Cette politique va plus loin que ce qu'Ottawa avait initialement considéré. Le premier ministre Stephen Harper avait affirmé l'an dernier qu'il examinerait la possibilité de laisser entrer au pays seulement des interprètes sévèrement blessés.

Le premier de ces anciens employés et sa parenté immédiate pourrait fouler le sol canadien d'ici quelques mois.

Le nouveau programme sera ouvert aux Afghans qui auront été au service de la mission canadienne pendant au moins 12 mois. Ils subiront des examens médicaux et des contrôles de sécurité. Ils devront également détenir une lettre de recommandation d'un haut représentant des forces canadiennes ou encore d'un diplomate.

M. Kenney a précisé qu'il préférerait que ces individus déménagent à l'intérieur des frontières de l'Afghanistan mais en des lieux plus sûrs, puisque la dernière chose que les législateurs souhaitent, c'est d'encourager l'exode des citoyens afghans éduqués, libéraux et pouvant s'exprimer en anglais.

«Ce sont des individus qui devront jouer un rôle important pour la construction à long terme d'un pays stable et démocratique, a affirmé le ministre de l'Immigration. Mais dans des circonstances particulières où nous sentons que la vie de quelqu'un pourrait être mise en danger en restant au pays, la porte du Canada sera ouverte», a ajouté Jason Kenney.

Selon lui, des centaines d'employés afghans, ainsi que leur famille immédiate, pourraient bénéficier du programme. Ce dernier serait inspiré de ceux déjà adoptés par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l'Australie et le Danemark.

Des représentants du gouvernement ont indiqué que les bénéficiaires afghans recevront les mêmes services que les réfugiés: un soutien au revenu pour une période de 12 mois, des indemnités en cas de maladie ainsi que de l'aide pour préparer un CV et trouver un emploi.

Le programme sera financé à l'intérieur de l'actuel budget du ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration.

La nouvelle politique ne requiert pas l'adoption d'une loi. Le ministre pourra user de ses pouvoirs en vertu de la Section 25 de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés pour laisser entrer des Afghans au pays. Il demandera cependant au cabinet d'approuver certains services qui seront offerts aux nouveaux immigrants à leur arrivée.

Il n'y aura donc pas de vote à la Chambre des communes. Mais l'opposition avait déjà laissé savoir, il y a plusieurs mois, qu'elle approuvait le projet.