Le NPD s'indigne de voir le gouvernement fédéral acheter des épinglettes à l'effigie du drapeau du Canada qui sont fabriquées en Chine au moment même où des milliers de Canadiens travaillant dans le secteur manufacturier perdent leur emploi.

La députée néo-démocrate Libby Davies a critiqué hier à la Chambre des communes la décision du ministère des Travaux publics d'accorder un contrat de 225 000 $, à la demande du ministère du Patrimoine canadien, pour acheter des dizaines de milliers d'épinglettes de l'unifolié qui sont fabriquées par l'entreprise chinoise Xiamen Gaoxu Co. Ltd.

Ces épinglettes sont vendues dans une boutique de souvenirs de la colline parlementaire et remises à tous les députés et sénateurs pour qu'ils puissent les distribuer à leurs électeurs dans leur circonscription respective.

Jugeant inacceptable que ces ornements qui représentent le symbole du pays soient fabriqués en Chine, tous les députés néo-démocrates ont décidé hier de les renvoyer au ministère des Travaux publics en guise de protestation.

«Ces épinglettes devraient être fabriquées au Canada. Nous sommes en pleine récession et nous avons perdu tellement d'emplois dans le secteur manufacturier. Ce contrat aurait dû être accordé à une entreprise canadienne. Il s'agit du symbole du Canada», a affirmé Mme Davies, en tenant un sac de ces babioles dans ses mains devant les journalistes.

Elle a ajouté que le gouvernement fédéral devrait toujours exiger dans les contrats qu'il accorde que les symboles du Canada soient au moins fabriqués au pays. Le contrat en question a été accordé le 19 février, soit quatre jours après le Jour du drapeau national du Canada. Le contrat a été accordé à une compagnie à numéro 6 768 997 Canada inc. de L'Île-Perrot, près de Montréal, qui a par la suite commandé des dizaines de milliers d'épinglettes de l'entreprise chinoise.

«Tous les Canadiens devraient être offusqués. Nous entendons chaque jour des histoires tristes de travailleurs qui ont perdu leur emploi dans le secteur manufacturier», a déploré Mme Davies.

Dean Del Mastro, secrétaire parlementaire du ministre du Patrimoine James Moore, a affirmé que c'est le bureau de la régie interne de la Chambre des communes qui a pris la décision d'acheter ces épinglettes. Il a ensuite accusé Mme Davies de sombrer dans la confusion, soulignant que le NPD est membre du bureau de la régie interne.

Toutefois, Mme Davies, qui est membre de cet organisme, a soutenu qu'il n'a jamais été question de ce contrat durant les réunions du bureau de la régie interne et que ce contrat a été accordé par le ministère des Travaux publics, à la demande de Patrimoine Canada.

Le député libéral Pablo Rodriguez a aussi affirmé que les entreprises canadiennes devraient être privilégiées, en particulier lorsqu'il s'agit de confectionner des symboles canadiens.

Quoi qu'il en soit, toute cette affaire a fait sourire le député bloquiste Pierre Paquette. Et il a souligné que ce n'est pas la première fois qu'une telle controverse éclate à la Chambre des communes.

«Je vais vous dire franchement, cela ne m'étonne pas. Au Québec, par exemple, on insiste beaucoup dans le mouvement souverainiste, parmi les nationalistes, pour que nos symboles nationaux soient faits par des fabricants nationaux», a dit M. Paquette.

Il y a quelques années, M. Paquette avait lui-même dénoncé le fait que les timbres du Canada étaient imprimés par une entreprise aux États-Unis. Cette affaire avait d'ailleurs provoqué un tollé dans le reste du Canada. Depuis son intervention, les timbres de Postes Canada sont imprimés au pays.

«C'est de la négligence, particulièrement dans le contexte économique actuel. C'est manquer de respect envers les différentes industries qui ont énormément de difficulté à passer à travers la crise. Et dans le cas du timbre avec le drapeau canadien, ce sont les imprimeurs qui nous avaient demandé d'intervenir», a-t-il affirmé.