Le ministre de la Sécurité publique Peter Van Loan a été contraint, hier, de tempérer les déclarations controversées de la secrétaire d'État américaine à la Sécurité intérieure, Janet Napolitano, qui a laissé entendre, en entrevue à CBC, lundi soir, que le Canada avait été, dans le passé, une passoire pour terroristes en direction des États-Unis.

Voulant calmer le tollé soulevé par ces propos incendiaires, ravivant le mythe selon lequel les instigateurs du 11 septembre 2001 seraient passés par le Canada, le ministre Van Loan a assuré que la secrétaire d'État était bien au courant que ce n'était pas le cas.

 

«(Mme Napolitano) sait très bien qu'aucun des terroristes du 11 septembre n'a traversé la frontière canadienne pour se rendre aux États-Unis, a dit le ministre. On a confirmé avec son bureau que sa perception n'a pas changé. Son commentaire d'hier faisait référence à Ahmed Ressam (reconnu coupable d'avoir comploté pour commettre un attentat à la veille de l'an 2000 à l'aéroport de Los Angeles), qui a traversé la frontière en Colombie-Britannique.»

En entrevue, la secrétaire d'État a affirmé qu'il existait une «problématique réelle» à la frontière canado-américaine, étant donné que des terroristes et des présumés terroristes étaient entrés aux États-Unis en provenance du Canada.

Lorsque le journaliste lui a demandé si elle parlait des auteurs des attentats du 11 septembre, Mme Napolitano a répondu: «Pas seulement eux mais d'autres aussi». Or, une commission d'enquête américaine a rejeté tout lien entre les terroristes du World Trade Center et le Canada.

«Tout ce qu'elle essayait de dire, c'est qu'il y a toujours une menace terroriste. Et ça, on le sait», a estimé le ministre Van Loan.

De passage à Washington, l'ambassadeur du Canada aux États-Unis, Michael Wilson, a déploré que ce «mythe» des attaques du 11 septembre ait refait surface après toutes ces années.

Le président du Conseil canadien des chefs d'entreprise a pour sa part déclaré par communiqué que «de telles failles dans le dialogue» entre le Canada et les États-Unis, «l'attristait et le consternait».

En fin de journée, la secrétaire d'État a elle-même rectifié le tir par communiqué au sujet des attentats du 11 septembre, persistant toutefois à dire qu'il existait toujours une menace terroriste à la frontière canado-américaine.

Avec La Presse Canadienne