Stephen Harper prétend qu'il ne sait pas si Brian Mulroney est membre de son parti ou non.

Le premier ministre actuel a dû commenter, pour la première fois, la querelle qui l'oppose à son prédécesseur, querelle que son entourage a attisée la semaine dernière.

Les proches de Stephen Harper ont fait courir le bruit que Brian Mulroney n'est plus membre du Parti conservateur. Mercredi dernier, la leader du gouvernement au Sénat, Marjory LeBreton, affirmait que l'ancien premier ministre avait lui-même signifié à son parti qu'il ne voulait plus en être membre. «M. Mulroney sait à qui il a lui-même parlé, il y a cinq ou six semaines,» déclarait-elle.

Outré, celui qui a dirigé deux gouvernements conservateurs majoritaires et facilité la fusion entre ses progressistes conservateurs et les réformistes et alliancistes de Stephen Harper, a démenti la rumeur. M. Mulroney a fait dire, par son porte-parole, qu'il sera membre du Parti conservateur jusqu'à son dernier souffle.

L'incident a divisé le caucus conservateur qui en a débattu à sa réunion de mercredi dernier; quelques députés, sénateurs et ministres se plaignant du traitement qu'on réservait à M. Mulroney.

Stephen Harper n'a pas assisté à cette réunion. Il était en Europe pour les sommets du G20 et de l'OTAN.

À sa première sortie publique depuis son retour au pays, lors d'un point de presse à Moncton, mercredi, on lui a demandé si Brian Mulroney est membre de son parti. Sa réponse fut surprenante. «Je ne peux pas parler de ça. Honnêtement, je ne connais pas la réponse à cette question,» a-t-il assuré.

Pendant ce temps, son lieutenant québécois, Christian Paradis, servait, au cours d'un point de presse à Ottawa, la ligne dictée par le bureau de son chef. Le ministre Paradis disait «c'est qu'il y a une commission d'enquête publique qui est là, qui avait été demandée même par M. Mulroney, qui est en cours. Alors laissons les choses aller.»

C'est là presque mot pour mot la ligne qui a été distribuée au cours du week-end par le bureau du premier ministre aux élus et sénateurs conservateurs avec l'ordre de s'y limiter lorsqu'on les interroge au sujet du membership conservateur de l'ancien premier ministre.

M. Harper veut ainsi renvoyer l'attention sur la commission d'enquête Oliphant. Cette commission scrute les relations d'affaires entre l'ancien premier ministre et Karlheinz Schreiber et revoit les circonstances qui ont conduit à un paiement, en argent liquide, de quelques centaines de milliers de dollars à M. Mulroney.

Stephen Harper craint d'être éclaboussé par cette affaire.