La découverte d'un réseau de cyberespionnage basé en Chine et qui s'est introduit dans des ordinateurs gouvernementaux à travers le monde prouve qu'Ottawa doit prendre plus au sérieux la sécurité sur Internet, a affirmé lundi une équipe de chercheurs canadiens.

Les chercheurs affirment que des actions rapides doivent être prises puisque les outils requis pour pirater des informations confidentielles sont aussi faciles à obtenir que des copies illicites de DVD.

Les informations recueillies par le groupe Information Warfare Monitor, qui réunit la firme d'Ottawa SecDev Group et le Citizen Lab de l'Université de Toronto, conduisent à penser que près de 1300 ordinateurs dans 103 pays ont été la cible de ce réseau de cyberespionnage.

Près de 30 pour cent des ordinateurs touchés appartenaient à des agences gouvernementales, à des organisations non gouvernementales et à des groupes de presse, ce qui laisse croire que l'espionnage pourrait avoir été mené en coordination avec des pirates de haut niveau dans le but d'accéder à des informations confidentielles.

Parmi les cibles figurent le gouvernement tibétain et les ordinateurs du bureau du dalaï lama, soulevant ainsi le spectre de l'implication du gouvernement de la Chine. Si les chercheurs canadiens refusent d'arriver à cette conclusion, ils avouent toutefois que cela est bel et bien possible.

Ron Deibert, l'un d'entre eux, a affirmé que le cyberespace était un domaine de plus en plus militarisé et qu'il faisait l'objet de contestations géopolitiques. Même que selon lui, une véritable course à l'armement s'y déroule.

De son côté, Rafal Rohozinski estime que la découverte du réseau lance un avertissement aux décideurs politiques qui ont négligé de considérer les conséquences sur la sécurité mondiale que pourraient avoir des informations laissées accessibles à des pirates.

«On considère (Internet) comme une technologie et une infrastructure qui ne requiert pas la même attention que celle accordée, par exemple, à l'espace aérien, aux voies maritimes ou même à la circulation routière, a affirmé le chercheur. Nous espérons vraiment que cette étude fera avancer le débat au sein des décideurs politiques.»

Pour sa part, le ministre fédéral de la Sécurité publique, Peter Van Loan, a assuré que la sécurité sur Internet était sur son écran radar. Il a affirmé qu'il avait discuté avec ses homologues aux Etats-Unis pour l'implantation de nouvelles mesures de protection.

«Il n'y a pas un jour qui passe sans que quelqu'un, quelque part dans le monde, tente de s'introduire dans les systèmes informatiques du gouvernement, a-t-il affirmé. La sécurité sur Internet deviendra un sujet de plus en plus important au cours des prochaines années.»