Le groupe Jewish Defence League of Canada se targue d'avoir déclenché le mouvement qui a finalement compromis le projet de tournée canadienne d'un parlementaire britannique.

Plus tôt cette semaine, le groupe de pression a informé le gouvernement fédéral de la tournée de conférences imminente de George Galloway, un politicien controversé connu pour ses critiques à l'endroit d'Israël. Dans une lettre envoyée le 16 mars au ministre de l'Immigration Jason Kenney, à son collègue Peter Kent et à des députés de l'opposition, l'organisation demande au gouvernement de ne pas le laisser entrer au Canada. Selon le directeur national de la Jewish Defence League, Meir Weinstein, cette lettre a incité d'autres groupes de la communauté juive à protester contre la visite de M. Galloway.

Quatre jours plus tard, le bureau de M. Kenney confirmait que le député britannique ne serait pas reçu au pays.

Des adversaires du gouvernement l'accusent d'ingérence politique et des avocats ont intenté une double contestation judiciaire, a-t-on appris mercredi. Selon les partisans de George Galloway, l'interdiction n'a aucune justification légale et constitue un affront à la liberté d'expression.

Un porte-parole du ministre de l'Immigration Jason Kenney a nié qu'il y ait eu ingérence politique. Ni lui, ni son personnel politique, n'a communiqué à ce sujet avec l'Agence des services frontaliers, a déclaré le ministre en entrevue. C'est l'Agence des services frontaliers qui a décidé que le politicien n'était pas admissible pour des raisons de sécurité nationale.

La décision d'interdire l'accès au pays au député britannique est d'autant plus grave qu'elle semble orchestrée par le gouvernement Harper simplement parce qu'il désapprouve son point de vue pro-palestinien, ont clamé mercredi une poignée de militants et de représentants des partis d'opposition rassemblés sur les marches du Parlement, à Ottawa.

Les avocats du politicien d'origine écossaise déposent deux motions distinctes en Cour fédérale: une demande de révision judiciaire de la décision gouvernementale, et une demande d'injonction provisoire pour la faire renverser. Selon les avocats, la révision judiciaire pourrait prendre des mois, tandis que l'injonction permettrait à M. Galloway d'entrer au pays la semaine prochaine pour une tournée de conférences prévues à Toronto, Ottawa et Montréal.

Une avocate de M. Galloway a soutenu, au cours d'une conférence de presse donnée sur la colline parlementaire, mercredi, que le gouvernement a détourné la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés à ses propres fins politiques. Jamie Liew y voit un dangereux précédent.

Le gouvernement dit que l'interdiction prononcée contre M. Galloway est basée sur la loi, et n'a rien à voir avec la politique. Il affirme que M. Galloway a appuyé le Hamas, considéré par le Canada comme par le Canada comme une organisation terroriste, quand il a dirigé un convoi d'aide aux Palestiniens, à la suite de la récente offensive israélienne contre Gaza. Selon les partisans de M. Galloway, le convoi transportait des vêtements, des couches pour bébé, des médicaments et 45 000 $ d'aide humanitaire, qu'il a remis au gouvernement du Hamas.

L'un des organisateurs de la tournée de conférences de M. Galloway soutient que le parlementaire britannique n'a jamais exprimé de soutien au terrorisme, et qu'il ne voulait qu'aider à atténuer la souffrance des civils de Gaza. «Il a très clairement indiqué qu'il ne s'agissait pas d'appuyer le Hamas», a insisté James Clark.