Le ministre de la Défense, Peter MacKay, a dit samedi au ministre des Affaires étrangères de la Russie qu'il répliquerait coup pour coup aux vols d'avions militaires russes près de l'espace aérien canadien.

Le ministre MacKay a dit très clairement: "Chaque fois que vous allez envoyer des avions, on va vous envoyer des avions aussi"», a indiqué à La Presse le directeur des communications du ministre, Dan Dugas, à propos d'une rencontre entre son patron et Sergei Lavrov, au Forum de Bruxelles.

Ces vols militaires irritent de plus en plus le gouvernement Harper, qui a dénoncé il y a quelques semaines la présence de deux Bear russes près de son espace aérien, dans les heures qui ont précédé la visite du président américain Barack Obama à Ottawa.

La Russie, de son côté, affiche une position différente. En comité parlementaire, lundi, un porte-parole de l'ambassade de Russie au Canada s'est affairé à diminuer l'importance de cet incident qui a soulevé les protestations d'Ottawa.

Le vol de deux avions militaires le 18 février dernier a respecté toutes les règles internationales et le fait qu'il soit survenu la veille de la visite du président Obama n'était qu'une coïncidence, a déclaré le chef de la section des affaires politiques de l'ambassade, Dmitry Trofimov.

«C'est quelque chose qui était planifié un an ou une demi-année à l'avance», a-t-il précisé.

En aucun temps les deux Tupolev Tu-95 - communément appelés Bear - n'ont pénétré l'espace aérien canadien, a-t-il ajouté.

Cette présence d'appareils russes non loin de l'espace aérien canadien avait forcé deux CF-18 à les rencontrer en plein vol pour leur intimer de rebrousser chemin.

Le ministre des Affaires étrangères, Peter MacKay, avait parlé d'une «forte coïncidence», tandis que le premier ministre Stephen Harper avait dénoncé les «intrusions russes dans notre espace aérien», réitérant la volonté de son gouvernement canadien de le défendre.

Mais ces paroles ne semblent pas avoir intimidé la Russie. Sourire en coin, le diplomate à l'accent britannique et au verbe abondant a rappelé au comité parlementaire que la Guerre froide était bel et bien terminée. «Malheureusement, la mentalité de la Guerre froide est toujours là», a-t-il noté.

«L'America bashing, ou devrais-je dire, le West-bashing, a déjà été très populaire dans l'ancienne union soviétique. Mais le Russia-bashing semble être [maintenant] très populaire de l'autre côté de la colline», a ajouté M. Trofimov.

En parlant de ce qu'il a désigné comme étant l'«épisode qui nous réunit aujourd'hui», il a prié les politiciens présents de ne pas l'«exagérer à outrance».

Le diplomate a expliqué que les deux avions concernés avaient quitté la Russie le 18 février, volé jusqu'à la mer de Beaufort, dans l'Arctique, puis rebroussé chemin.

«La proximité par rapport à la frontière de l'Alaska et du Yukon était d'environ 200 km, a-t-il précisé. C'était un vol régulier, pré-planifié, dans l'espace international.»

Ottawa n'a pas été avisé au préalable, mais NORAD l'a été, a indiqué le témoin. Mais ce genre de vols est fréquent tant pour la Russie que le Canada, a-t-il fait valoir, et aucune règle ni traité internationaux ne force les deux pays à s'en aviser au préalable.

Dmitry Trofimov s'est toutefois dit ouvert à cette idée. C'est aussi ce que le ministre des Affaires étrangère de Russie aurait indiqué samedi à Peter MacKay, selon le porte parole du ministre canadien de la Défense. «Il a dit: "Je suis d'accord. Un avertissement préalable ne ferait pas de mal"», a rapporté Dan Dugas.