Le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international a dépensé pas moins de 10 millions de dollars en frais de taxi dans les 10 dernières années. Des documents obtenus par La Presse en vertu de la Loi sur l'accès à l'information montrent que les fonctionnaires du Ministère utilisent le taxi aux frais des contribuables pour plus de 1 million de dollars par an en moyenne.

L'exercice financier 2007-2008 a même atteint un sommet : 1 315 871,69 $ ont été payés en frais de taxi au ministère des Affaires étrangères et du Commerce international (MAECI). La période en cours ne sera pas en reste, avec près de 1 million déjà dépensé au 7 janvier, avec encore près de trois mois à faire.  

En comparaison, d'autres documents obtenus par La Presse indiquent que les fonctionnaires du ministère de la Défense nationale, par exemple, ont dépensé 376 094 $ en taxi pour l'exercice financier 2008-2009, en date du 7 janvier.

 

La moyenne du coût par facture au MAECI oscille entre 311 $ et 766 $, certaines entreprises facturant au Ministère plus d'un voyage à la fois. Mais certains transports coûtent plusieurs centaines de dollars, révèlent les documents obtenus par La Presse.

 

Aux Affaires étrangères, on justifie l'ampleur de ces dépenses par le fait que le Ministère compte plusieurs édifices différents répartis sur le territoire de la région de la capitale fédérale.

 

«Contrairement à d'autres ministères, le MAECI est situé à l'extérieur du centre-ville d'Ottawa, ce qui entraîne plusieurs déplacements entre le 111 et le 125, promenade Sussex, et les différents bureaux des agences centrales, les autres ministères, les ambassades et les différents centres de conférences», explique André Lemay, porte-parole du Ministère.

 

Entre autres, on donne en exemple l'Institut canadien du service extérieur, situé à Gatineau, qui sert de centre de formation pour les employés du Ministère

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«La grande majorité des frais sont pour le déplacement des employés du ministère», ajoute M. Lemay. L'administration centrale (qui comprend les bureaux d'Ottawa et de Gatineau) compte plus de 4000 employés, indique-t-on au MAECI.

 

Chaque gestionnaire d'un département est responsable de s'assurer que les dépenses de ses employés sont « légitimes » et en accord avec la politique, soutient M. Lemay. La politique interne du Ministère relative à l'utilisation des taxis à l'administration centrale stipule que «l'utilisation de taxis peut être autorisée lorsque, de l'avis de l'employeur, ce moyen de transport est justifié pour des déplacements en service commandé et que d'autres moyens de transport plus économiques ne sont ni disponibles ni pratiques».

 

Les bons de taxi, fréquemment utilisés, sont «strictement réservés aux fonctionnaires», précise le document. Les consultants, aides temporaires ou autres personnes travaillant pour le compte du gouvernement «n'y ont pas droit» et les bons ne peuvent être utilisés pour «servir à des fins personnelles», comme pour se rendre à la maison, sauf si autorisé.

 

La procédure requiert d'ailleurs qu'un employé obtienne en tout temps «l'autorisation préalable d'un supérieur avant d'utiliser un taxi».

 

Les chiffres obtenus grâce à la Loi sur l'accès à l'information comprennent à la fois l'utilisation des bons de taxi et les déplacements payés en espèces ou par carte de crédit et remboursés par la suite.

 

Bien que rien n'indique que les sommes déboursées en taxi depuis 10 ans n'ont pas respecté les règles internes de l'administration centrale, on note avec empressement au Ministère que la politique d'utilisation des taxis, en vigueur depuis janvier 2001, est «présentement en révision».

 

Avec la collaboration de William Leclerc