Sénateurs libéraux et conservateurs ont uni, jeudi, leurs efforts pour approuver le projet de loi sur la mise en oeuvre du budget conservateur. Le projet de loi a été adopté par 50 sénateurs et rejeté par 4 autres. Cinq autres sénateurs se sont abstenus.

Le projet de loi devait obtenir la sanction royale plus tard en soirée. Les libéraux avaient décidé d'accélérer l'adoption au Sénat du projet de loi sous prétexte que cette décision permettrait aux chômeurs de bénéficier plus rapidement des assouplissements au régime d'assurance-emploi contenus dans le plan de relance du gouvernement.

Le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, a affirmé jeudi que les sénateurs libéraux avaient consenti à accélérer leurs travaux après avoir réalisé que la clause prévoyant le versement de prestations pendant 50 semaines au lieu de 45 s'appliquerait de manière rétroactive à partir du 1er mars, si la loi était adoptée avant la relâche parlementaire.

«En découvrant ça, le Sénat a décidé immédiatement et à l'unanimité de faire passer le budget cet après-midi afin que les chômeurs aient accès à l'assurance-chômage le plus vite possible», a indiqué M. Ignatieff quelques minutes avant la période des questions.

Les libéraux avaient auparavant laissé entendre qu'ils ne prévoyaient pas adopter la loi avant la fin du mois, affirmant qu'ils ne voulaient pas se sentir bousculés par les conservateurs. Ils soutenaient que, de toute façon, aucune des mesures du budget ne prendrait effet avant le 1er avril.

Les explications de M. Ignatieff n'ont cependant pas convaincu beaucoup de gens sur la colline parlementaire. La date d'entrée en vigueur des clauses sur l'assurance-emploi avait en effet été dévoilée par les médias dès la semaine dernière.

M. Ignatieff a tenté de faire porter le blâme sur le gouvernement, à qui il a reproché d'avoir rédigé un projet de loi «fourre-tout», contenant un train de mesures n'ayant aucun lien avec la relance de l'économie et conséquemment, très long à étudier.

Le premier ministre Stephen Harper s'est moqué de cette entourloupette du chef libéral. «Son parti et lui ont joué un jeu au Sénat, avec ce projet de loi. Ils n'auraient pas dû. Je suis content qu'ils aient cessé et j'espère qu'ils feront le voeu de ne plus recommencer», a-t-il déclaré en Chambre.

Les deux autres partis d'opposition se sont eux aussi payés la tête de leurs adversaires. Pour le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, les troupes de M. Ignatieff ont eu peur de provoquer une élection. «C'est aussi simple que ça», a-t-il résumé.

Aux yeux du chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jack Layton, la pirouette des libéraux confirme l'inutilité du Sénat. «Ils n'ont contribué rien au débat. C'est une des raisons pour lesquelles le NPD a appuyé l'abolition du Sénat.  C'est non élu, ça n'a aucun sens dans notre système», a-t-il insisté.

Le gouvernement a néanmoins salué la décision de l'opposition officielle, par l'entremise du ministre d'État au Développement économique et régional, Denis Lebel, qui a souligné que «pour les travailleurs, c'est très important».

Le débat en troisième lecture au Sénat devrait prendre fin en début de soirée jeudi. Si tout se déroule sans encombre, la loi pourrait obtenir la Sanction royale avant vendredi matin, soit avant la suspension des travaux parlementaires.

Les députés et sénateurs s'accordent une semaine de relâche et ne reviendront à Ottawa que le 23 mars.