Le ministre fédéral de l'Immigration, Jason Kenney, compte s'entretenir avec le président de la Commission de l'immigration et du statut de réfugié pour obtenir plus de détail sur le choix de Pharès Pierre au poste de commissaire de l'immigration et du statut de réfugié.

La Presse a révélé mardi que M. Pierre, 68 ans, avait été nommé par le ministre lui-même le 17 février dernier. Or, le nouveau commissaire a déjà été chef de cabinet du premier ministre d'Haïti sous le règne contesté du président en exil Jean-Bertrand Aristide. À ce titre, il pourrait être appelé à entendre des demandes faites par des Haïtiens qui ont fui ce même régime.En comité parlementaire mardi matin, M. Kenney a pris la responsabilité « finale » de cette nomination, mais il a rejeté celle du choix de M. Pharès sur les épaules du président de la CISR, Brian Goodman. En compagnie de son sous-ministre, il a précisé que le ministère de l'Immigration n'avait plus le mandat de faire des vérifications de sécurité sur les candidats depuis quelques années.

«Le gouvernement a décidé de concentrer entièrement au CISR la possibilité de revoir les sélections, a déclaré le sous-ministre Richard Fadden. Donc je n'ai pas personnellement et le ministère n'a pas institutionnellement un engagement dans ce processus. C'était entièrement le CISR.»

«J'ai appris cela ce matin dans le journal, a quant à lui indiqué M. Kenney. J'ai l'intention de parler au président de la CISR «pour savoir» comment ça s'est déroulé dans le processus de présélection à la CISR.»

«Je n'ai pas le pouvoir moi-même de retirer une nomination», a-t-il cependant précisé.

Il a dit que la décision de d'entériner la recommandation de la CISR en ce qui concerne la candidature de M. Pierre a été prise au cours des six dernières semaines, lors de l'une des deux dernières réunions du Conseil des ministres.

Cette nomination a été très critiquée par l'Association québécoise des avocats et avocates en droit de l'immigration. En comité parlementaire, le Parti libéral et le Bloc québécois ont eux aussi exprimé leurs inquiétudes, notamment pour des Haïtiens qui pourraient être placés dans une situation inconfortable.

«S'ils font face à un Pharès Pierre qui a été chef de cabinet de ce même président «Aristide», il va y avoir de sérieux problèmes éthiques», a souligné le député libéral et ancien ministre de l'Immigration, Denis Coderre.