L'administration de Barack Obama favorise la candidature du ministre canadien de la Défense, Peter MacKay, comme prochain secrétaire général de l'OTAN.

Le vice-président américain Joe Biden compte profiter d'un voyage à Bruxelles cette semaine pour faire la promotion de la candidature du ministre Mackay auprès des pays alliés européens, a rapporté dimanche le Washington Post.

 

Traditionnellement, le poste de secrétaire général de l'OTAN est réservé à un Européen. Mais M. Biden souhaiterait que le jeune ministre de la Défense obtienne ce poste en échange de quoi les États-Unis seraient prêts à accorder au moins deux postes de commandement à la France au sein de l'Alliance militaire, toujours selon le Washington Post.

Le mandat de cinq ans du présent secrétaire général, Japp de Hoop Scheffer, se termine à la fin mars. Son successeur sera désigné au prochain sommet de l'OTAN qui aura lieu à Baden-Baden et Kehl, en Allemagne, et à Strasbourg, en France, au début avril.

La décision de l'administration américaine d'appuyer la candidature de Peter MacKay viserait à remercier le Canada «pour l'effort vaillant» des troupes canadiennes en Afghanistan.

Interrogé à ce sujet hier, le ministre MacKay a affirmé n'avoir pas discuté de la possibilité d'accéder aux plus hautes fonctions de l'OTAN avec le vice-président Joe Biden. Toutefois, il a indiqué que ce poste ne devrait plus obligatoirement échoir à un Européen.

«Je ne crois pas que les traditions, qui tiennent compte de la géographie, devraient être un obstacle pour obtenir quel que poste que ce soit au sein de l'OTAN», a dit M. MacKay, qui a aussi été ministre des Affaires étrangères depuis l'arrivée des conservateurs au pouvoir en 2006.

«Je n'ai jamais eu de discussion à ce sujet avec le vice-président Biden. Mais je peux vous dire qu'il y a une appréciation grandissante, voire un nouveau respect, pour le rôle que le Canada joue au sein de l'OTAN, et pas seulement pour ce que nous faisons en Afghanistan, mais aussi parce que nous sommes un joueur actif et un membre fondateur de l'OTAN», a ajouté le ministre de la Défense.

Ces propos de M. MacKay laissent entrevoir qu'il entretient un certain intérêt pour le poste. Le prestigieux magazine The Economist a évoqué pour la première fois la candidature de M. MacKay en janvier.

Interrogé plus tard en journée hier sur son intérêt pour le poste de secrétaire général de l'OTAN, M. MacKay a affirmé, sourire en coin: «Je suis très bien où je suis.»

Le bureau du premier ministre a refusé de commenter la possible candidature de M. MacKay. Toutefois, un proche collaborateur du premier ministre Stephen Harper, Dimitri Soudas, a tenu à louanger le travail de M. MacKay jusqu'ici. «M. MacKay a été un ministre des Affaires étrangères efficace. Il est un ministre de la Défense très compétent qui travaille fort. Il n'est donc pas étonnant que son travail soit reconnu sur la scène internationale», a affirmé M. Soudas.

Jamais un Canadien n'a dirigé les destinées de l'Alliance militaire de 26 pays depuis sa fondation il y a quelque 60 ans. Mais les observateurs militaires estiment que les chances de M. MacKay sont plutôt minces. Le poste de secrétaire général de l'OTAN est accordé à un Européen afin d'équilibrer la répartition des postes importants au sein de l'organisation, le commandant de l'Alliance étant assuré par un Américain.

Le premier ministre du Dane-mark, Anders Fogh Rasmussen, était vu comme le favori pour obtenir le poste, mais il a fait savoir récemment qu'il n'avait pas de telles ambitions. Pour l'heure, les pays alliés de l'Europe n'arrivent toujours pas à s'entendre sur une candidature, d'où la décision de l'administration Obama de proposer celle de Peter MacKay comme compromis.

Ce n'est toutefois pas la première fois qu'un Canadien est pressenti pour diriger l'OTAN. En 2003, la candidature de John Manley, ancien vice-premier ministre et ancien ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement libéral de Jean Chrétien, avait été évoquée. Le poste avait finalement été accordé à Japp de Hoop Scheffer, qui était alors ministre des Affaires étrangères des Pays-Bas.

Les partis de l'opposition ont réagi avec sarcasme à l'idée que M. MacKay devienne le prochain secrétaire général de l'OTAN.

«Peut-être un Canadien, mais on ne leur souhaitera pas M. MacKay. Je pense que tant comme ministre des Affaires étrangères que de la Défense, il a démontré qu'il n'avait pas les compétences», a affirmé le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe.

«Est-ce que M. (Stephen) Harper n'en veut tellement pas qu'il veut s'en débarrasser pour l'envoyer là-bas?» a lancé le député libéral Denis Coderre.