Le projet de tenir une conférence internationale sur l'Afghanistan, proposé par la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton, a réjoui, hier, le ministre canadien des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, de même que les partis de l'opposition à Ottawa.

Dans son premier discours devant ses homologues des pays de l'OTAN, réunis à Bruxelles hier, la chef de la diplomatie américaine a suggéré que soit organisée le 31 mars prochain une rencontre internationale sur l'Afghanistan et les défis régionaux, présidée par l'ONU.Cette conférence surviendrait quelques jours seulement avant le sommet de l'OTAN, les 3 et 4 avril.

À l'issue de deux jours de rencontres avec ses homologues à Bruxelles, le ministre Cannon s'est dit «très favorable» à la tenue d'une telle réunion sur l'Afghanistan, jugeant que l'idée était «en tout point conforme à la direction que le Canada a prise avec sa révision».

«L'intention, c'est de faire en sorte que d'autres pays, d'autres organisations puissent s'associer à la démarche extrêmement importante au niveau de l'engagement auprès de l'Afghanistan, a souligné le ministre. L'objectif de l'OTAN est d'abord et avant tout une mission militaire, alors que l'initiative qui est proposée est plus large afin qu'on puisse tenir compte des engagements, particulièrement au niveau civil.»

À Ottawa, les partis de l'opposition ont applaudi à la proposition, réclamant depuis longtemps une telle initiative. Le chef du NPD, Jack Layton, a même proposé que le Canada soit l'hôte de cette conférence internationale.

«Nous suggérons depuis deux ans ou trois ans qu'on a besoin d'un processus compréhensible géré par l'ONU pour la poursuite de la paix, a dit M. Layton. Ce que Mme Clinton a annoncé, c'est une très bonne initiative parce que pour la première fois, tous les éléments-clés vont être dans la même salle pour la poursuite des discussions.»

Pour le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, un sommet international permettra d'élargir la problématique de l'Afghanistan au-delà des seuls pays membres de l'OTAN.

«La Chine, l'Inde, les ex-républiques de l'Union soviétique sont voisines de l'Afghanistan et ont des liens avec les pays de la région. Je pense qu'il est important qu'ils soient associés à une telle conférence», a-t-il souligné.

Le Parti libéral du Canada a continué de réclamer, hier, que le gouvernement canadien se dote d'un envoyé spécial pour l'Afghanistan, à l'instar de la majorité des pays impliqués sur le terrain.

«On ne peut pas régler la question afghane sans penser, par exemple, à la zone tribale au niveau du Pakistan. Si on ne fait pas ça, il va y avoir une réalité qui va nous frapper tous dans le front. C'est pour ça que la solution politique, diplomatique est d'avoir un envoyé spécial qui va permettre de rassembler l'ensemble des facteurs pour régler la situation», a estimé le critique libéral en matière de Défense, Denis Coderre.

Si M. Cannon n'a pas fermé la porte, affirmant qu'il en parlerait avec le premier ministre Stephen Harper, le ministre d'État pour les Amériques, Peter Kent, a rétorqué en Chambre que le Canada était suffisamment bien représenté par son ambassadeur en Afghanistan, Ron Hoffman.

Par ailleurs, la France et les États-Unis ont estimé que l'Iran devrait être invité à participer à la conférence sur l'Afghanistan, étant donné la frontière commune entre les deux pays.

Avec l'Agence France-Presse