Le ministre du Commerce international, Stockwell Day, tentera de donner une nouvelle impulsion aux relations commerciales entre le Canada et la Chine, qu'il visitera pour la première fois en avril à titre de responsable du commerce dans le gouvernement Harper.

M. Day procédera à l'ouverture officielle de six nouveaux bureaux commerciaux afin de resserrer les liens d'affaires entre le Canada et ce géant du commerce.

À l'heure actuelle, le Canada n'a que trois bureaux d'affaires (à Chongqing, Guangzhou et Shanghai) en plus de l'ambassade canadienne à Pékin. Les nouveaux bureaux seront situés dans les villes de Chengdu, Nanjing, Quingdao, Shenyang, Shenzhen et Wuhan. L'ouverture de ces bureaux avait été annoncée en juin dernier par l'ancien ministre des Affaires étrangères, David Emerson.

M. Day doit aussi rencontrer son homologue chinois, Jiang Zengwei, vice-ministre du commerce, et visiter quelques entreprises canadiennes installées en Chine. «Nous voulons renforcer les relations commerciales dans les secteurs clés et rappeler les avantages d'investir au Canada», a affirmé une source gouvernementale.

Avant que la crise ne frappe l'économie mondiale, la Chine connaissait un taux de croissance annuelle de plus de 10% depuis plusieurs années. Les échanges commerciaux de marchandises entre le Canada et la Chine ont monté en flèche entre 1997 et 2006, année où ils ont atteint 42,1 milliards de dollars, soit 5% du commerce mondial du Canada. En 2003, la Chine est devenue le deuxième partenaire commercial du Canada, dépassant la Grande-Bretagne et le Japon.

Cette visite du ministre Day intervient alors qu'il subsiste un certain froid entre le Canada et la Chine depuis l'arrivée au pouvoir du gouvernement de Stephen Harper. Les conservateurs ont à plusieurs reprises critiqué publiquement le bilan de la Chine en matière de respect des droits de l'homme. Le premier ministre a même affirmé, à la veille d'un Sommet de l'APEC en 2007, qu'il n'avait pas l'intention de «brader» les droits de l'homme simplement pour avoir de meilleures relations commerciales avec la Chine et empocher «les puissants dollars» de ce pays.

Cette sortie s'ajoutait à une série d'incidents diplomatiques qui ont irrité les dirigeants chinois. En 2006, le ministre des Affaires étrangères de l'époque, Peter MacKay, aujourd'hui ministre de la Défense, avait affirmé que le gouvernement canadien avait «des preuves» que des agents secrets chinois se livraient à de l'espionnage industriel au Canada. Cette déclaration avait soulevé l'ire de l'ambassadeur Lu Shumin, qui avait nié avec véhémence cette allégation.

En 2007, la Chine avait fait connaître son mécontentement lorsque l'ancien ministre de l'Immigration, Monte Solberg, avait rencontré le dalaï-lama quelques jours avant que le Canada ne lui accorde la citoyenneté canadienne à titre honorifique.

Enfin, aux Jeux olympiques de Pékin, en 2008, le premier ministre Stephen Harper n'a pas assisté aux cérémonies d'ouverture, pour cause de conflit d'horaires. Il avait dépêché une délégation dirigée par l'ancien ministre des Affaires étrangères David Emerson.

Le froid qui s'est installé entre le Canada et la Chine inquiète les gens d'affaires canadiens, qui craignent de perdre l'accès à l'un des plus grands marchés émergents de la planète.

Les libéraux, lorsqu'ils étaient au pouvoir, avaient pris soin de cultiver les relations avec la Chine. Jean Chrétien s'est rendu en Chine six fois en 10 ans, dont deux fois à la tête de missions commerciales d'Équipe Canada. Il a rencontré les dirigeants chinois à 16 reprises en une décennie. Paul Martin avait aussi fait de l'accès au marché chinois l'une de ses priorités en matière d'affaires étrangères durant ses deux ans comme premier ministre.

Récemment, l'ancien ministre David Emerson, qui n'a pas brigué les suffrages aux dernières élections, a déploré que le gouvernement Harper néglige encore de soigner ses relations avec les dirigeants chinois. Il avait affirmé que le Canada devait « se rapprocher de la Chine » et avait laissé entendre que cette question divise le Parti conservateur.

Aux Communes, cette semaine, le critique libéral Bob Rae a bondi sur ces déclarations pour attaquer la politique des conservateurs à l'égard de la Chine.

«Tous les premiers ministres depuis John Diefenbaker se sont engagés à l'endroit de la Chine, et ils étaient conscients de l'importance de cette relation. Le premier ministre actuel est le seul qui n'ait pas établi de relation avec la Chine et qui n'ait pas cultivé cette relation», a-t-il affirmé.

Le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, a répliqué que le gouvernement canadien compte investir deux milliards de dollars dans la porte d'entrée de l'Asie-Pacifique, en Colombie-Britannique, pour faciliter l'accès à de nouveaux débouchés commerciaux en Chine et dans l'ensemble de l'Asie.