Le gouvernement Harper table beaucoup trop sur les mesures de relance proposées par l'administration de Barack Obama pour extirper le Canada de la récession, estime le Centre canadien de politiques alternatives (CCPA).

Et le refus des conservateurs d'adopter des mesures de relance plus musclées au pays risquent de provoquer de vives tensions entre le gouvernement Harper et l'administration démocrate du nouveau président des États-Unis, ajoute le CCPA dans un rapport sur les relations canado-américaines qui sera divulgué aujourd'hui.

 

Ce rapport, que La Presse a obtenu hier, se penche sur l'avenir des relations entre le Canada et les États-Unis maintenant que Barack Obama est solidement installé à la Maison-Blanche.

Ce rapport est publié à deux jours de la visite officielle du président américain au Canada, sa toute première sortie à l'étranger depuis son investiture le 20 janvier. M. Obama doit arriver vers 10h jeudi matin pour une visite de travail d'environ huit heures à Ottawa.

Selon le directeur général du CCPA, Bruce Campbell, le Canada est loin de faire l'effort recommandé par le Fonds monétaire international aux principaux pays industrialisés pour relancer l'économie mondiale.

Le FMI exhortait des mesures budgétaires équivalant à 2% du produit intérieur brut de la part de chacun des pays membres pour stimuler leur économie respective et, par ricochet, celle de la planète. Or, selon les calculs du directeur parlementaire du budget, Kevin Page, les mesures de relance du dernier budget du ministre Jim Flaherty représentent 0,7% du PIB. Par comparaison, le plan de relance adopté par le Congrès américain (environ 800 milliards US) équivaut à 2,7% du PIB américain. Le gouvernement Harper rejette toutefois les calculs de M. Page.

«Si j'étais le président des États-Unis, je m'inquiéterais de voir que le Canada tente de surfer sur le plan de relance américain pour relancer sa propre économie, affirme M. Campbell. Et j'exercerais des pressions sur le premier ministre du Canada pour qu'il fasse sa part afin d'augmenter les chances d'une reprise rapide de l'économie nord-américaine et de la planète.»

Insuffisance des mesures

Dans son dernier budget, le gouvernement Harper a annoncé une panoplie de mesures pour relancer l'économie, en récession depuis le dernier trimestre de 2008, dont de nouveaux investissements dans les projets d'infrastructures et des investissements pour stimuler la construction au pays.

Ce budget prévoit un déficit de 34 milliards de dollars en 2009-2010 et de 30 milliards durant l'exercice suivant. En tout, le gouvernement Harper prévoit 85 milliards de dollars de déficit au cours des quatre prochaines années avant de renouer avec l'équilibre budgétaire en 2014.

Mais selon Bruce Campbell, le Canada peut et doit en faire davantage étant donné qu'il dispose d'une marge de manoeuvre plus importante que les autres pays du G7. Le Canada est en effet le pays le moins endetté du groupe et est entré en récession en ayant en poche une situation financière beaucoup plus reluisante que celle des États-Unis par exemple.

«Nous sommes confrontés à la plus importante récession depuis les années 30 et jusqu'ici le premier ministre Stephen Harper a déposé un plan de relance minimaliste et augmenté les tensions en critiquant le plan Buy American des États-Unis», estime M. Campbell dans son analyse.