Le chef du Parti libéral Michael Ignatieff écarte de manière catégorique l'idée de conclure un autre accord de coalition à l'avenir avec le Bloc québécois, même si cela lui permettrait de prendre la tête du gouvernement fédéral.

M. Ignatieff laisse clairement entendre dans une entrevue accordée au magazine Maclean's qu'il ne se serait jamais engagé sur le même terrain politique que son prédécesseur, Stéphane Dion, qui a conclu une entente de coalition avec le NPD et soutenue par le Bloc québécois.

 

M. Dion, le chef du NPD Jack Layton, et le chef du Bloc québécois Gilles Duceppe avaient conclu cette entente en grande pompe en décembre dernier. Les trois hommes étaient alors ulcérés du refus des conservateurs de présenter des mesures pour relancer l'économie et de leur tentative d'abolir les subventions accordées aux partis politiques. Ils étaient prêts à renverser le gouvernement minoritaire de Stephen Harper à la Chambre des communes et à former un gouvernement de coalition PLC-NPD soutenu par le Bloc québécois pour au moins 18 mois.

«Je pense que c'est très difficile pour moi de conclure une entente avec le Bloc. Mais soyons clairs pourquoi. Ce n'est pas parce que je doute de la bonne foi de M. Duceppe ou sa volonté de respecter sa parole. Mon problème est qu'ils ont des objectifs stratégiques différents», affirme M. Ignatieff dans cette entrevue publiée dans la dernière livraison de Maclean's.

Mais du même souffle, le chef libéral affirme que les Canadiens doivent s'habituer, dans un contexte de gouvernement minoritaire, à ce que les partis politiques forgent des alliances circonstancielles pour gouverner le pays, mais sans le Bloc.

Ces propos du chef libéral confirment à nouveau que M. Ignatieff n'a jamais été à l'aise avec l'idée de former un gouvernement de coalition PLC-NPD et appuyé par le Bloc québécois. D'ailleurs, il avait été le dernier député libéral en décembre à apposer sa signature au bas d'une pétition du Parti libéral informant la gouverneure générale Michaëlle Jean qu'une coalition formée des partis de l'opposition était prête à prendre le pouvoir si le gouvernement Harper était défait aux Communes en décembre.

Le mois dernier, M. Ignatieff a sonné le glas de la coalition avec le NPD et le Bloc québécois en décidant d'appuyer le budget du ministre des Finances Jim Flaherty. Ce geste lui avait valu les foudres du NPD et du Bloc québécois.

Interrogé sur les propos du chef libéral, le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a affirmé que M. Ignatieff aura besoin de l'appui des députés bloquistes un jour pour mettre fin au règne des conservateurs.

«C'est son problème, ce n'est pas le mien. Ces affirmations, je trouve ça drôle. Des fois il y a des gens qui doivent piler sur la peinture, mais on verra bien. (...) J'imagine que si un jour il a besoin d'un vote du Bloc, il va refuser en raison de la nature du parti», a dit M. Duceppe.

De leur côté, les conservateurs ont mis en doute les déclarations du chef libéral. «Il a des intentions cachées. Il a déjà signé une fois. Il n'y a rien qui l'empêche de le faire une deuxième fois», a affirmé Dimitri Soudas, un proche collaborateur du premier ministre Stephen Harper.