Le premier ministre Stephen Harper n'abordera pas la question d'Omar Khadr pendant sa rencontre avec Barack Obama la semaine prochaine à Ottawa, malgré les pressions qui s'accentuent pour que le jeune Torontois détenu à la prison de Guantánamo soit rapatrié au Canada.

«Vous devriez appeler la Maison-Blanche pour voir ce dont les États-Unis voudront parler, mais je n'anticipe pas que de notre côté, nous aborderons ce sujet», a déclaré en fin de journée le porte-parole de Stephen Harper, Kory Teneycke.

 

M. Teneycke a indiqué que le gouvernement canadien n'avait pas l'intention de s'ingérer dans le processus judiciaire américain, même si les procédures à l'encontre de M. Khadr avaient été suspendues par le nouveau président américain, Barack Obama.

Au moment d'annoncer sa décision de fermer Guantánamo, M. Obama a nommé un groupe de conseillers chargés de lui fournir des recommandations d'ici quelques mois sur la manière de traiter le dossier des quelque 245 personnes toujours détenues dans la prison militaire.

Le ton au bureau du premier ministre était plus tranchant, hier soir, au terme d'une journée où M. Harper a été pressé de toutes parts pour qu'il intervienne auprès des autorités américaines et ramène son ressortissant au pays.

Hier matin, les trois partis de l'opposition à Ottawa ont rendu publique une lettre signée par les trois chefs et adressée au premier ministre et à Barack Obama. Ils demandent aux chefs d'État de reconnaître que M. Khadr, qui a été capturé à 15 ans en Afghanistan, est un enfant-soldat et qu'il doit être retourné au Canada.

Par ailleurs, les partis de l'opposition appuient une initiative annoncée hier et menée par les avocats d'Omar Khadr. Ils proposent au gouvernement d'encadrer et de guider le jeune homme à son arrivée au Canada et pendant la durée d'un éventuel procès, par toutes sortes de moyens, incluant des soins psychiatriques. M. Khadr est emprisonné à la prison de Guantánamo depuis plus de six ans et il a été soumis à des actes de torture.

Le bureau du premier ministre Harper a fait fi de ces nouveaux moyens de pression.

«Il nous importe peu que notre position soit populaire avec les avocats d'Omar Khadr, avec la coalition de l'opposition ou avec ceux qui encouragent Omar Khadr dans les médias. Ce n'est pas une question politique. C'est une question d'avoir un processus intègre dans notre manière de gérer le dossier», a déclaré Kory Teneycke.