Le gouvernement Harper ne planche sur aucun scénario prévoyant le retour d'Omar Khadr au Canada, même si le président américain Barack Obama a demandé la fermeture de la prison militaire de Guantánamo d'ici un an.

Le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, a confirmé hier en comité parlementaire que son ministère s'en tenait à sa position publique: mieux vaut laisser le processus judiciaire américain suivre son cours que d'intervenir en cherchant à rapatrier le jeune Torontois de 22 ans emprisonné à Guantánamo depuis plus de six ans.

 

À la question du député néo-démocrate Paul Dewar: «Est-ce que des officiels du Ministère ont exploré les options pour rapatrier M. Khadr?», le ministre Cannon a simplement répondu: «Non.»

«Donc vous n'avez pas dépensé, par exemple en frais juridiques, pour examiner le dossier?» a relancé M. Dewar. «Non», a encore répondu M. Cannon, avant de préciser que son ministère s'était tout de même informé sur les questions entourant le processus de fermeture du centre de détention.

Après la rencontre, M. Cannon a précisé aux journalistes qu'il avait plutôt voulu dire qu'il «refusait de spéculer sur différents scénarios». «On m'a demandé si formellement il existait des choses...», a-t-il dit. Mais quant au rapatriement d'Omar Khadr, a-t-il renchéri, «ce n'était pas et ce n'est toujours pas dans les visées du gouvernement».

Transition supervisée

Par ailleurs, pour la deuxième journée consécutive, hier, M. Cannon a rejeté les demandes du Parti libéral de ramener M. Khadr au pays en lui offrant une période de transition supervisée et guidée par une équipe d'experts.

Hier, c'était au tour des avocats et de la mère de M. Khadr de plaider en ce sens. En entrevue à La Presse Canadienne, ils ont affirmé qu'ils étaient même prêts à l'envoyer vivre dans une famille musulmane ou anglo-saxonne bien établie pendant la période où il ferait face à la justice au Canada.

Le plan mis de l'avant par les procureurs du jeune détenu a été envoyé à Stephen Harper, ont-ils affirmé. Il comprend un suivi par le psychiatre torontois et expert en torture Donald Payne.

«Si c'est sain pour Omar et que ça lui donne la possibilité de se réhabiliter, c'est bien, a dit sa mère, Maha Elsamnah, à La Presse Canadienne. J'ai juste besoin de le voir une fois et de le serrer dans mes bras fort, fort, pour cinq ou dix minutes et après peut-être qu'il peut prendre le temps de se remettre.»

Omar Khadr avait 15 ans lorsqu'il a été capturé en Afghanistan, en 2002. Il est accusé d'avoir tué un soldat américain en lançant une grenade.

En comité parlementaire, Lawrence Cannon a refusé d'admettre que le jeune homme était un enfant-soldat au moment de sa capture, comme a tenté de lui faire dire un député du Bloc québécois. «À mon humble avis, je ne pense pas que le débat se situe là», a dit le ministre des Affaires étrangères.