Les partis de l'opposition ont accueilli le discours du Trône avec méfiance, lundi. Le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, a tout de même ouvert la porte à un vote en faveur de ce discours, en se disant encouragé par le changement de ton du gouvernement Harper.

Mais chacun a convenu que le vrai test sera le budget d'aujourd'hui. La semaine dernière, le leader du gouvernement à la Chambre des communes, Jay Hill, a même laissé entendre qu'il serait possible qu'il n'y ait aucun débat ni vote de confiance sur ce discours du Trône puisque, dit-il, aucun règlement de la Chambre ne l'oblige à le faire.

Les seuls votes de confiance en cette reprise parlementaire seraient donc ceux du budget.

Les chefs du Bloc québécois et du NPD , Gilles Duceppe et Jack Layton, ont néanmoins déclaré qu'ils étaient opposés au très bref discours prononcé par la gouverneure générale, Michaëlle Jean, dans l'enceinte du Sénat cet après-midi. Et leur réaction risque d'être la même face au budget d'aujourd'hui.

Le chef du Parti libéral, sur les épaules duquel la survie du gouvernement Harper pourrait donc reposer cette semaine, s'est quant à lui gardé une grande marge de manoeuvre.

«Il y a un contraste assez remarquable entre le discours provocant et divisif de l'énoncé de l'automne et le langage d'aujourd'hui, a déclaré Michael Ignatieff. Nous avons un gouvernement qui parle dans les deux langues à la fois. Et le problème de confiance que nous avons dans cette Chambre est que l'on ne sait pas quelle langue il faut croire : la langue de la fin de novembre ou la langue d'aujourd'hui.»

«Mais ce n'est pas une question de discours. Ce sont les gestes qui comptent, a ajouté le chef libéral. C'est demain que l'on va trancher, que l'on va décider ce qu'il faut croire», a-t-il conclu.

M. Ignatieff a précisé qu'il attendrait jusqu'à demain matin, soit après avoir consulté les membres de son caucus et les hauts dirigeants du parti, pour faire connaître ses intentions. Celles-ci pourraient être lourdes de conséquences: un vote contre le budget de tous les partis de l'opposition entraînerait la chute du gouvernement.

Les chefs du Bloc québécois et du NPD ont quant à eux clairement rejeté l'approche conservatrice. Les deux ont déjà indiqué que cela prendrait des changements draconiens, voire miraculeux, aux

orientations du gouvernement pour qu'ils se prononcent en faveur du budget d'aujourd'hui. Et le discours du Trône n'a rien changé à leurs dispositions.

«C'est très vague, c'est le moins que l'on puisse dire, a lancé Gilles Duceppe quelques minutes après la lecture. On verra les détails. Mais il y a quand même un passage très révélateur. On nous dit que quant aux priorités, ce sont celles qui étaient déjà énoncées dans le discours du Trône de novembre. Or, sur ça, ça heurtait directement les intérêts du Québec.»

Il a cité en exemple la volonté des conservateurs de durcir les peines pour les jeunes contrevenants, les compressions de 45 millions dans les programmes culturels, les changements dans la formule de calcul de la péréquation et le souhait du gouvernement de créer une commission des valeurs mobilières unique.

«On a perdu confiance dans le gouvernement Harper», a pour sa part lancé le chef du NPD, Jack Layton. Lui aussi s'est dit incapable de voter en faveur de ce discours, si un vote est finalement tenu. «Il n'y a presque rien là-dedans, a-t-il dit. Quand on a un discours du Trône, on doit présenter un plan, avec les grandes lignes de l'approche du gouvernement. Et elles ne sont pas là.»