Défendre la souveraineté canadienne dans l'Arctique pourrait coûter à l'armée jusqu'à 843 millions $ annuellement, selon une série d'évaluations du ministère de la Défense nationale.

Des documents obtenus par La Presse Canadienne grâce à la Loi sur l'accès à l'information indiquent que les frais de fonctionnement et de maintenance s'ajouteraient à une mise de fonds évaluée à 4,5 milliards $ pour de nouveaux brise-glaces légers, un port en eaux profondes et une base de ravitaillement.

Un expert de l'Arctique de l'Université de Calgary, Rob Huebert, a soutenu que c'était la première fois que le public pouvait avoir une idée de l'ampleur de l'engagement financier nécessaire à la mise en place de la stratégie du Nord du gouvernement conservateur. Selon lui, Ottawa devrait initier un débat sur la question.

Un document interne datant de 2006 indique que l'étendue du territoire, son isolement et son manque d'infrastructures allaient entraîner une «escalade des coûts dans tous les aspects de l'opération dans l'Arctique».

Un porte-parole du ministre de la Défense, Peter MacKay, a soutenu que le gouvernement fédéral était conscient des obstacles et des coûts potentiels de la stratégie du Nord. Dan Dugas a toutefois indiqué que le ministre reconnait l'importance pour le Canada d'exercer un contrôle dans l'Arctique et d'y défendre sa souveraineté.

«Le ministre veut aussi s'assurer que nos militaires jouent un rôle de plus en plus vital dans la manifestation d'une présence canadienne dans l'Arctique et dans l'aide aux agences telles que la garde côtière pour affronter les menaces potentielles», a affirmé M. Dugas.

Les rapports et mémos obtenus par La Presse Canadienne tracent l'évolution de la stratégie du gouvernement pour accroître la présence du Canada dans l'Arctique depuis l'élection du Parti conservateur en janvier 2006.

Les conservateurs avaient initialement proposé la construction de trois brise-glaces lourds blindés pour patrouiller les eaux ouvertes par la fonte des glaces. Des experts prédisent un libre accès estival aux voies navigables d'ici 2015.

Le plan ambitieux de 1,6 milliard $ a été abandonné en 2007 à la faveur d'un plan de 3,1 milliards $ pour construire jusqu'à huit petits brise-glaces capables de manoeuvrer au large des trois côtes de l'Arctique. Des responsables du ministère de la Défense ont défendu la nouvelle proposition - plus coûteuse - en faisant valoir qu'elle répondait davantage aux besoins de la Marine.

Le ministère a indiqué s'attendre à avoir une évaluation détaillée des coûts au milieu de l'année 2009.