Un éventuel gouvernement de coalition dirigé par Michael Ignatieff n'accorderait aucun traitement de faveur au Québec, même si le Bloc québécois exerçait des pressions en ce sens.

À Calgary, dans le cadre d'une tournée pancanadienne, le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, a tenté de minimiser l'influence que pourrait avoir le Bloc québécois sur un gouvernement de coalition, au cas où les conservateurs seraient défaits sur le budget que présentera le ministre des Finances, Jim Flaherty, le 27 janvier.

Dans une entrevue accordée à une station de radio, M. Ignatieff a d'ailleurs indiqué que, lorsqu'il est devenu chef, il a d'abord voulu savoir si, dans les négociations qui ont entouré la formation de la coalition NPD-PLC-Bloc, en novembre, on avait fait au Bloc des promesses qui pourraient nuire à l'unité canadienne.

«On m'a donné des assurances sans équivoque: le Bloc a fait des demandes que nous avons jugées contraires à l'unité du pays et nous avons dit absolument non», a affirmé M. Ignatieff.

Selon ce qu'a appris La Presse, le Bloc québécois a tenté d'obtenir qu'un gouvernement de coalition amende la Loi sur les langues officielles et le Code canadien du travail pour assujettir à la Loi 101 les entreprises de compétence fédérale comme les banques, par exemple.

Les représentants bloquistes ont fait cette demande lorsqu'ils négociaient avec les représentants libéraux, mais la députée libérale Marlene Jennings y a opposé une fin de non-recevoir catégorique, selon nos sources.

Dans l'entrevue qu'il a accordée vendredi à l'animateur Dave Rutherford, M. Ignatieff a manifestement tenté de minimiser l'importance du Bloc québécois dans un éventuel gouvernement de coalition, même si l'accord conclu en novembre prévoit qu'il serait consulté sur les grandes questions comme le budget ou le discours du Trône. Certains observateurs du Canada anglais estiment qu'il s'agit d'un droit de veto accordé au Bloc québécois.

«Le Parti libéral, sous ma direction ou sous la direction de qui que ce soit, ne va pas compromettre l'unité du pays, a dit M. Ignatieff. Nous allons garder un oeil sur le Bloc en ne déposant pas de projet de loi qui pourrait compromettre l'unité du pays ou accorder des traitements de faveur ou des accords particuliers au Québec. J'ai été très clair là-dessus. Le Bloc québécois ne ferait pas partie du cabinet», a dit M. Ignatieff.

«Le Parti libéral que je dirige a combattu les souverainistes ou les séparatistes, peu importe comment on les appelle, dans toutes les circonscriptions au Québec et va continuer à le faire à l'avenir», a encore dit le chef libéral, qui rencontrera son caucus demain et lundi en prévision de la rentrée parlementaire du 26 janvier.

Ces propos de M. Ignatieff tranchent quelque peu avec ce qu'il a dit cette semaine au quotidien Le Devoir: il s'était porté à la défense des députés du Bloc québécois, selon lui injustement attaqués par Stephen Harper durant la crise parlementaire de novembre.

«Les parlementaires du Bloc sont des collègues. Ils sont dûment élus par les électeurs du Québec. Ils ne sont pas des traîtres, ils ne sont pas des ennemis du Canada. Je suis en désaccord profond avec leur projet de société et je le serai toujours. Mais de dire, comme M. Harper, qu'on ne pouvait pas traiter avec eux, c'est de l'hypocrisie, parce qu'il a lui-même traité avec le Bloc souvent. [...] Ça m'a vraiment choqué. Un premier ministre est là pour rassembler les gens, pas pour les diviser. Jamais je ne ferai ça.»