Si les premiers ministres des provinces se sont entendus avec leur homologue fédéral sur certaines façons de stimuler l'économie, ils ont dû se contenter d'un accord sur le principe, puisque les sommes rattachées à ces engagements ne seront connues qu'au dépôt du budget.

Dans l'harmonie apparente de cette rencontre fédérale-provinciale à Ottawa, vendredi, une voix s'est cependant faite discordante: celle du Québec, dont le ton était bien plus impétueux que celui des autres provinces. Les changements dans la formule de péréquation proposés cet automne par le gouvernement conservateur ont hérissé le premier ministre Jean Charest.

Il a accusé le gouvernement de Stephen Harper de «bris d'engagement» et a fait savoir que, sur le plan des relations, ce n'était certainement pas le genre de fédéralisme qu'il souhaitait.

«Ce n'est pas du fédéralisme d'ouverture que d'agir comme ça», a-t-il lancé lors de la conférence de presse de clôture.

Cette position n'a pas eu l'air de plaire à son vis-à-vis de la Colombie-Britannique, Gordon Campbell, qui a dit juger que l'heure n'était pas à se lancer dans «des jeux politiques avec les provinces».

«Je pense que la plupart des politiciens veulent laisser tomber ces considérations partisanes, et veulent se soucier avant tout des familles canadiennes», a-t-il soutenu.

Malgré cette fausse note, tant du côté du fédéral que de celui des provinces en général, on a qualifié la rencontre de très productive.

Les leaders se sont notamment entendus sur l'importance de faciliter l'accès au crédit, l'urgence de simplifier la bureaucratie entourant les investissements en infrastructures et la nécessité d'apporter une aide particulière aux chômeurs.

Les mesures pour faire face à la crise économique que proposera le ministre des Finances, Jim Flaherty, dans son budget du 27 janvier risquent cependant de coûter cher.

M. Harper a déclaré qu'il prévoyait «des déficits très importants à court terme» pour le gouvernement fédéral et les provinces.

Des fonctionnaires fédéraux avaient laissé entendre plus tôt cette semaine que le gouvernement conservateur envisagerait un déficit qui pourrait atteindre les 40 milliards $, dont la majeure partie serait attribuable aux mesures de relance de l'économie.

La rencontre de vendredi est l'une des dernières étapes des consultations prébudgétaires menées par les conservateurs. Deux tables rondes sont à l'horaire du ministre Flaherty la semaine prochaine, mais l'élaboration du budget entre désormais dans sa phase finale.

Les proches de M. Harper ont assuré que la consultation avec les premiers ministres était «véritable», que le budget n'était pas déjà bouclé et que les discussions n'étaient pas destinées simplement à bien faire paraître le gouvernement fédéral.

Les conservateurs risquent gros le 27 janvier, alors qu'une coalition entre le Parti libéral du Canada (PLC) et le Nouveau Parti démocratique (NPD), appuyée par le Bloc québécois, menace toujours de faire tomber le gouvernement de Stephen Harper.

Baisse d'impôts?

La possibilité de procéder à une réduction d'impôt des contribuables pour encourager la consommation et, par ricochet, stimuler l'activité économique est demeurée en suspens lors de la réunion.

«Ce gouvernement examine toutes les options, pas seulement les options de dépenses, mais aussi les options de réduction des taxes et des impôts», a indiqué M. Harper à la fin de la rencontre.

S'il affirme que l'idée de baisser les impôts n'a pas occupé une grande partie des discussions de la journée, le chef conservateur a néanmoins ajouté qu'à son avis, «ce n'est pas possible de stimuler l'économie sans un bénéfice pour la classe moyenne».

Toutes les provinces, à l'exception de la Colombie-Britannique, s'opposent à ces baisses d'impôt. Elles estiment qu'elles seraient inutiles pour tous les travailleurs qui ont perdu leur emploi, et que c'est au problème du chômage qu'il faut s'attaquer.

Si les baisses d'impôt ont pour effet d'inciter les gens à économiser plutôt qu'à dépenser, elles n'auront pas les effets désirés sur l'activité économique, a par ailleurs fait valoir le premier ministre ontarien Dalton McGuinty.