Qui est James Moore? Bien peu de Québécois pourraient répondre à la question car le jeune politicien âgé de 32 ans est peu connu dans la Belle Province. Récemment nommé à la tête du ministère du Patrimoine, il a fait de nombreuses sorties publiques au cours des derniers jours pour dénoncer l'attitude des partis d'opposition qui souhaitaient renverser le gouvernement.

Alors que la crise sévissait à Ottawa, La Presse l'a rencontré à son bureau de la colline parlementaire, jeudi dernier, au moment même où le premier ministre Stephen Harper demandait à la gouverneure générale, Michaëlle Jean de suspendre les travaux de la Chambre des communes. Tout au long de l'entretien d'ailleurs, M. Moore a gardé un oeil sur son écran de télévision qui captait le réseau CTV. Pendant 45 minutes, il surveillait en vain l'arrivée de son chef devant les caméras.

Q Avec tous les événements survenus au cours des derniers jours au Parlement, avez-vous vraiment la tête à accorder des entrevues aux médias pour discuter de votre rôle et de vos objectifs à la tête du ministère du Patrimoine?

R Oui. Je crois que ce qui se passe ici c'est d'un côté un peu tragique mais d'un autre côté, c'est aussi un peu de la comédie... C'est quelque chose que l'on n'a jamais vu dans l'histoire de notre pays.

Q Je vous arrête tout de suite. Justement, vous dites que ce sont des moments historiques, mais vous avez quand même la concentration nécessaire pour discuter de culture avec La Presse?

R Oui, mon horaire de journée est entièrement consacré aux responsabilités que je dois assumer au ministère du Patrimoine.

Q Vous avez dormi combien d'heures au cours des derniers jours? Pas beaucoup, peut-on imaginer.

R Cinq heures par nuit... Ça suffit jusqu'à maintenant.

Q M. Moore, vous êtes jeune, vous avez 32 ans. Vous avez toute la vie devant vous. Tout ce qui se passe présentement à Ottawa ne vous désillusionne pas un peu de la politique?

R Pour moi, la politique c'est une expérience. Ce n'est pas nécessairement une carrière. J'ai été élu à 24 ans.

Q Donc, vous ne serez peut-être pas ici encore dans 10 ans?

R Je dis que c'est une expérience, mais jusqu'à un certain point, une expérience devient une carrière...

Q Imaginez que vous devenez premier ministre demain matin, dans le contexte actuel, vous faites quoi?

R M. Harper a pris les bonnes décisions.

Q Vous voulez dire que vous auriez fait la même chose?

R Oui.

Q M. Harper vous a nommé à la tête du ministère du Patrimoine. Pourquoi, selon vous ? Avez-vous une connaissance particulière dans les arts? Jouez-vous d'un instrument de musique comme votre chef?

R Je n'ai pas de talent pour être un artiste... Je suis plus un sportif.

Q Dans ce cas quelle importance donnez-vous aux arts et à la culture?

R C'est important pour le Canada, non seulement d'un point de vue économique mais aussi pour la culture de notre pays. C'est important que les Canadiens soient fiers de notre histoire, de notre patrimoine, de nos artistes.

Q Votre adversaire néo-démocrate aux dernières élections, Zoe Roye, vous a reproché de ne pas fréquenter les théâtres et les salles de spectacles de votre circonscription. Êtes-vous réellement un consommateur de culture ?

R Elle ne connaît pas ma vie. C'est une nouvelle résidente de notre communauté... Dans ma circonscription, il y notamment le Terry Fox Theater où des étudiants présentent des pièces de théâtre.

Q Et vous y allez?

R Quand j'ai le temps... Et quand je suis là-bas, je participe toujours aux activités de ma circonscription.

Q Est-ce que vous avez une vision pour la culture au Canada ?

R Ce que je veux, c'est inspirer les jeunes avec les arts et la culture.

Q De quelle façon ?

R En faisant des investissements et pas seulement dans les édifices. En faisant des investissements auprès des organismes pour aider nos artistes.

Q Parlons sport maintenant. Vous êtes également responsable des Jeux olympiques de Vancouver 2010. Craignez-vous que la crise économique fasse en sorte que les touristes et les commanditaires soient moins présents?

R Non, I mean - oh ! Voilà mon anglais -. Non, je crois que ces Jeux sont vraiment une belle opportunité. On espère que ça va bien aller à tous les niveaux.

Q S'il y avait un déficit, le gouvernement fédéral serait-il prêt à l'éponger ?

R S'il y a un déficit, ce sera la responsabilité du gouvernement de la Colombie-Britannique. Nous, nous avons déjà dépensé plus de 650 millions de dollars pour les Jeux olympiques et ça n'inclut pas le relais de la flamme (24,5 millions) et 40 millions pour la cérémonie d'ouverture.

Q Lorsqu'il y a eu les Jeux olympiques à Calgary en 1988, on croyait pouvoir populariser cette ville. Finalement, ce n'est pas nécessairement ce qui est arrivé...

R Je crois que le premier ministre pourrait débattre avec vous là-dessus ! (rires) C'est vrai que dans le passé, il y eu des succès et des problèmes aussi. Il y a eu des expériences qui n'ont pas donné de résultats. On peut prendre des leçons du passé.

Q Allez-vous assister aux Jeux? J'imagine que oui...

R J'espère que oui. Les tickets sont un peu chers... mais bon. J'aime le ski alpin. La première chose à laquelle je pense quand je vois ça, c'est que c'est une mission de suicide !

Qui est James Moore?

James Moore a été élu pour la première fois le 27 novembre 2000 dans la circonscription de Port Moody-Westwood-Port Coquitlam en Colombie-Britannique. Il était alors âgé de 24 ans et venait à peine de quitter les bancs de l'Université de Colombie-Britannique en sciences politiques. Il a ensuite été réélu en 2004, 2006 et 2008. En 2006, il a été nommé secrétaire parlementaire du ministre des Travaux publics et des Services gouvernementaux. Deux ans plus tard, il hérite des dossiers de la porte d'entrée du Pacifique et des Jeux olympiques de Vancouver 2010. James Moore a prêté serment en tant que ministre du Patrimoine à la fin du mois d'octobre.