Le premier ministre Stephen Harper affirme que le gouvernement fédéral est prêt à se délester d'actifs qui ne sont plus nécessaires dans le but d'équilibrer le budget, mais il est absolument hors de question de procéder à une «vente de feu».

En point de presse à winnipeg avant de se rendre à Washington pour participer au sommet des leaders des pays membres du G20, M. Harper a soutenu hier que des actifs seront vendus uniquement si cela est dans l'intérêt des contribuables.«Il n'y aura pas de vente de feu (...) le gouvernement va examiner ses actifs et ses dépenses d'une manière pragmatique. Nous allons nous assurer que nous utilisons bien l'argent des contribuables», a affirmé le premier ministre, qui était dans la capitale manitobaine pour participer au congrès national du parti conservateur.

Jeudi, le ministre des finances, Jim Flaherty, a causé une certaine surprise en annonçant que le gouvernement fédéral avait entrepris une évaluation de tous ses actifs afin de déterminer ceux qui pourraient être vendus. Le grand argentier du pays a indiqué que l'argent obtenu grâce à ces ventes permettrait à Ottawa de maintenir un budget équilibré à court terme en ces temps d'incertitude économique.

M.Flaherty n'a toutefois pas donné de détails sur les actifs qui pourraient être vendus. le gouvernement fédéral est propriétaire de nombreux immeubles dans plusieurs villes canadiennes. Des sociétés comme Postes Canada ou Via Rail appartiennent également au fédéral.

Prudence

Un économiste influent a toutefois invité le gouvernement à la plus grande prudence avant de vendre quoi que ce soit étant donné que les marchés boursiers sont à la baisse. «Il me semble que ce n'est pas le meilleur moment pour obtenir le maximum de ces actifs. Ottawa pourrait vendre à une valeur inférieure simplement pour présenter un budget équilibré. Ce n'est peut-être pas la meilleure stratégie», a dit douglas porter, économiste en chef adjoint chez BMO capital markets.

La détérioration rapide de la situation de l'économie canadienne a dominé les premiers jours du congrès des conservateurs. Le ministre Flaherty a d'ailleurs fait un exposé de la situation devant le caucus jeudi. Le portrait est loin d'être rose et il continue de s'assombrir de semaine en semaine.

Selon ce qu'a appris la presse, hier, M. Harper a d'ailleurs fait savoir à ses ministres et députés que le gouvernement cherche à faire des économies. «Le premier ministre a été on ne peut plus clair. Il n'y a plus de marge de manoeuvre pour de nouveaux projets. notre mandat est de trouver des économies, des économies et encore des économies. Nous allons tout faire pour éviter un déficit, mais ce sera difficile. S'il y a un déficit, le gouvernement va tout faire pour qu'il soit le plus petit possible», a confié une source conservatrice sous le couvert de l'anonymat.

Dans un discours devant ses troupes, jeudi soir, M. Harper a aussi affirmé sans détour que la tempête financière qui secoue la planète et qui nuit à l'économie canadienne est loin d'être terminée. D'autres nuages risquent d'assombrir encore le portrait avant que l'on voie une éclaircie poindre à l'horizon.

Mise à jour économique

M. Flaherty, qui est aussi à Washington, doit faire une mise à jour économique et financière à la chambre des communes avant la fin du mois. Une source conservatrice a écarté l'idée que le ministre profite de l'occasion pour déposer un minibudget, même si les prévisions du dernier budget, déposé en février, ne tiennent plus la route à cause de la crise financière mondiale. «Il n'est pas question de déposer un nouveau budget», a dit cette source.

Par ailleurs, les quelque 2000 militants ont passé la journée d'hier à débattre en atelier d'une panoplie de résolutions portant sur une foule de sujets. Fait inusité, tous ces débats ont eu lieu à huis clos, à l'abri des médias et des observateurs envoyés par les autres partis politiques comme le bloc québécois, le parti libéral et le NPD.

Cette décision a irrité au plus haut point les délégués conservateurs du québec. «c'est complètement ridicule. On dirait qu'ils n'apprennent pas de leurs erreurs», a laissé tomber l'un d'eux, qui a requis l'anonymat. Les résolutions qui ont été adoptées en atelier seront débattues en plénière aujourd'hui. Les médias y auront accès.

Selon ce qui a filtré des débats, les militants conservateurs ont adopté une résolution afin de durcir les peines judiciaires pour les actes de violence perpétrés contre les femmes enceintes.

Une autre résolution visant à limiter à 10 ans les mandats des juges de la cour suprême du canada a toutefois été rejetée. À l'heure actuelle, les magistrats demeurent en fonction pour une durée illimitée jusqu'à l'âge de 75 ans.

Le premier ministre Stephen Harper a indiqué que la décision de tenir les débats à huis clos a été prise par les instances du parti. Il a aussi laissé entendre que son gouvernement ne serait pas nécessairement lié par certaines résolutions.

«Le parti va prendre ses décisions et le gouvernement va examiner les résultats. en même temps, le gouvernement a la responsabilité de gouverner selon la plateforme de la dernière campagne électorale», a dit M. Harper.