Le premier ministre Stephen Harper entend mettre de l'avant «le modèle canadien» à Washington aujourd'hui et demain, au sommet d'urgence des dirigeants des principales économies du monde (G20), afin de renforcer le système financier international et d'éviter de nouvelles crises financières.

Depuis le 20 octobre, M. Harper a communiqué par téléphone avec 14 leaders mondiaux (sans compter Barack Obama) pour préparer son déplacement à Washington. Il souhaite que cette rencontre extraordinaire mène à l'adoption de nouveaux outils pour promouvoir une réglementation financière à l'échelle nationale et pour renforcer le cadre institutionnel international. Le premier ministre souhaite que la bonne gestion financière du Canada montre la voie à plusieurs pays touchés par la crise.

 

Dans l'entourage du premier ministre, on fait valoir que le Canada sera le seul pays du G7 à Washington, selon le Fonds monétaire international, à poursuivre sa croissance en 2009, comme le rapportait hier un article du quotidien français Le Monde que le personnel du cabinet de M. Harper s'est vite empressé de distribuer aux journalistes.

M. Harper espère que le sommet de Washington ne s'embourbera pas dans des questions secondaires et qu'il se concentrera sur la principale raison de sa convocation, la crise financière internationale.

«Toutes les mesures qui ont un lien avec la relance de l'économie mondiale sont pertinentes, a d'ailleurs souligné hier un haut responsable gouvernemental sous le couvert de l'anonymat. Mais il est important que nous ne laissions pas les discussions bifurquer sur des questions secondaires.»

M. Harper tentera de convaincre ses homologues de la nécessité d'une gestion rigoureuse des finances publiques. Il donnera l'exemple de l'équilibre des budgets auquel le Canada est parvenu lors de ses 11 derniers budgets. Il préconisera que les pays imposent à leurs institutions financières, comme c'est le cas au Canada, des pratiques plus rigoureuses qui banniront notamment les prêts hypothécaires risqués. Il favorisera également une approche équilibrée «à long terme» pour résoudre la présente crise financière, notamment en aidant les secteurs de l'économie qui ont une éventuelle chance de s'en sortir.

Pas de sauvetages coûteux

Pas question évidemment, indique-t-on dans l'entourage du chef du gouvernement, de se lancer dans des opérations de secours qui replongeraient le pays dans la boucle des déficits structurels à long terme. «Nous voulons que les investissements que nous ferons pour aider l'économie rapportent des dividendes, a souligné hier un proche collaborateur de M. Harper. Nous pensons que ce que nous faisons au Canada devrait être examiné par les autres.»

Pour l'instant, on est avare de détails au cabinet du premier ministre sur les moyens dont dispose le trésor public canadien pour venir en aide à des secteurs comme l'automobile et la forêt.

Par ailleurs, beaucoup des participants au sommet du G20 avancent la nécessité d'une grande réforme des institutions financières internationales, comme à l'époque des accords de Bretton Woods, après la Deuxième Guerre mondiale. Mais encore là, Ottawa craint que le G20 s'enlise dans des discussions stériles sur le fonctionnement du système financier mondial qui ne feront rien pour aider ceux qui ont perdu leur emploi et qui souhaitent une relance rapide de l'économie.

 

COMPOSITION DU G20

Formé à la fin des années 1990 dans la foulée de la crise asiatique, le G20 a quelque peu végété jusqu'à ce que la présente crise financière lui redonne des ailes. Outre les pays du G8 (Canada, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon, Allemagne, États-Unis et Russie) plus l'Espagne, le G20 est composé des principaux pays émergents, soit la Chine, l'Inde, le Brésil, le Mexique, l'Afrique du Sud, la Corée-du-Sud, l'Indonésie, l'Argentine, l'Australie, l'Arabie Saoudite et la Turquie. L'Union européenne est aussi considérée comme un membre à part entière du groupe.