Le premier ministre Stephen Harper a tenu hier soir à mettre les Canadiens en garde: la tempête financière qui secoue la planète et qui touche l'économie canadienne est loin d'être terminée. D'autres nuages noirs risquent d'assombrir encore l'économie du pays avant que l'on voie une éclaircie poindre à l'horizon. M. Harper a profité de son discours devant quelque 2000 militants conservateurs, réunis en congrès national jusqu'à samedi, pour lancer cet avertissement aux Canadiens quelques heures avant de s'envoler vers Washington où il participera aujourd'hui et demain à une rencontre des leaders des pays membres du G20 et discuter justement de la crise financière. M. Harper a aussi tenu ces propos quelques heures après que son ministre des Finances, Jim Flaherty, eut indiqué qu'il n'écarte pas l'idée de vendre des actifs du gouvernement fédéral qui ne sont plus nécessaires au cours des prochains mois si cela peut permettre d'équilibrer le budget. M. Flaherty a aussi soutenu que la situation économique mondiale se détériore rapidement depuis quelques semaines et que cela a des conséquences sur les finances d'Ottawa.

 

Dans son discours devant ses partisans, M. Harper a affirmé que le Canada est bien outillé pour affronter la tempête économique. «Grâce aux décisions que notre gouvernement a prises depuis 2006, le Canada est dans une bien meilleure position que presque n'importe quel pays du monde industrialisé pour faire face à la crise économique mondiale «, a-t-il affirmé. Toutefois, son gouvernement ne peut contrer tous les effets de cette crise.

«Nous ne devons pas nous bercer d'illusions. Le Canada n'est pas une île. Les effets de cette crise vont continuer à se faire sentir ici. Et ne vous trompez pas. Il y a des jours encore plus difficiles à venir», a affirmé M. Harper.

Sommet du G20

M. Harper ratera une bonne partie du congrès de son parti, le premier en trois ans et demi, en raison du sommet à Washington. Quand il rencontrera ses homologues du G20, M. Harper a dit avoir l'intention de faire la promotion des politiques canadiennes en matière de réglementation du secteur financier. «Lors de ce sommet important à Washington, je vais m'assurer que toute entente soit bénéfique pour l'économie canadienne. Et je vais y promouvoir nos politiques économiques prudentes et notre façon efficace de réglementer les secteurs financiers», a dit le premier ministre. Dans son discours, M. Harper a fait le bilan de la dernière campagne électorale qui a démontré, selon lui, que le Parti conservateur est la seule formation politique ayant des racines dans chacune des régions du pays. Il s'est félicité des résultats des conservateurs au Québec, qui ont fait élire 10 députés, le même nombre qu'aux élections de 2006. Et si les Canadiens lui ont confié un deuxième mandat, selon, lui, c'est parce qu'ils font confiance au Parti conservateur pour gouverner le pays en cette période d'incertitude économique. «Au Québec, on a maintenu notre percée réalisée en 2006 et ça, malgré la campagne de peur du Bloc. Il y a cinq ans, nos appuis au Québec n'atteignaient même pas 5%. Aujourd'hui, un électeur sur trois nous appuie dans les régions. On bâtit sur des fondations solides. Cela dit, on a toujours des défis à relever au Québec. Et on va les relever en expliquant clairement notre vision, nos politiques, nos décisions. Le temps où on se laissait distraire par la démagogie du Bloc est terminé!» a-t-il lancé.

Actifs à vendre ?

Plus tôt en journée, le ministre des Finances Jim Flaherty a soutenu que les fonctionnaires ont récemment entrepris une évaluation de tous les actifs du gouvernement afin de déterminer s'ils sont toujours utiles. Il a répété que le gouvernement fédéral enregistrera un surplus modeste au cours du présent exercice financier qui prend fin le 31 mars 2009, mais que la tâche s'annonce herculéenne pour maintenir l'équilibre budgétaire au cours des exercices financiers subséquents. «Un déficit n'est tout de même pas inévitable. Nous sommes en train d'évaluer nos actifs pour déterminer si on doit les garder ou les vendre. Peu de gens savent que le gouvernement fédéral est propriétaire de la tour CN (à Toronto) «, a affirmé le grand argentier du pays, sans toutefois donner plus de détails sur les actifs qui pourraient être vendus. M. Flaherty doit faire une mise à jour économique et financière à la Chambre des communes avant la fin novembre. Il devrait alors donner plus de précisions sur l'état des finances du gouvernement fédéral.

Durant le congrès de trois jours du Parti conservateur, les militants débattront par ailleurs d'une série de résolutions comme la privatisation des soins de santé au pays, la réduction des dépenses de l'État, ou les subventions aux parents qui restent à la maison pour élever leurs enfants. Certaines résolutions pourraient provoquer des débats houleux. Une résolution propose en effet de limiter à 10 ans les mandats des juges de la Cour suprême du Canada. À l'heure actuelle, les magistrats demeurent en fonction pour une durée illimitée jusqu'à l'âge de 75 ans. Des militants conservateurs proposent aussi de durcir les peines judiciaires encourues pour les actes de violence perpétrés contre les femmes enceintes.