Le premier ministre Stephen Harper voit dans la victoire de Barack Obama une occasion en or d'obtenir la pleine participation des États-Unis dans la lutte contre les changements climatiques.

Commentant publiquement pour la première fois hier l'élection du nouveau président, M. Harper a souligné, comme bien d'autres leaders internationaux, que cela suscite beaucoup d'espoir de changements autant aux États-Unis qu'ailleurs dans le monde.

 

«C'est une élection historique pour les États-Unis. C'est un événement historique. Je pense que tout le monde, et pas seulement aux États-Unis, est bien excité par la possibilité de changement aux États-Unis. (...) En même temps, nous reconnaissons les grands défis qui attendent M. Obama. Nous avons l'intention de travailler en collaboration», a dit M. Harper.

M. Harper s'est d'ailleurs entretenu avec le président désigné au téléphone hier après-midi. Le premier ministre a félicité M. Obama pour sa victoire et les deux hommes ont convenu qu'il n'y avait pas deux pays plus proches amis et alliés dans le monde. Les deux hommes ont promis de travailler à renforcer davantage les relations canado-américaines, selon un compte rendu du bureau du premier ministre. Aussi, ils ont discuté du prochain sommet du G20 qui aura lieu à Washington le 15 novembre pour discuter de la crise financière et ils ont convenu de se reparler prochainement.

Trois dossiers prioritaires

De passage hier midi à Toronto où il a rencontré des experts du monde des finances, des assurances et des économistes en prévision du sommet du G20, M. Harper a indiqué que trois dossiers domineront les échanges entre le Canada et les États-Unis une fois que le président désigné occupera la Maison-Blanche à partir du 20 janvier 2009: l'économie et la crise financière; la protection de l'environnement et la sécurité énergétique; et les affaires étrangères, en particulier la mission en Afghanistan.

Sur la question de l'environnement, M. Harper a soutenu que le Canada aura en Barack Obama un interlocuteur enfin intéressé à s'attaquer aux problèmes que représentent les changements climatiques.

«Le nouveau président a exprimé un désir de participer pleinement aux efforts mondiaux de régler le problème des gaz à effet de serre. Pour nous, c'est un changement important parce que comme je l'ai dit dans le passé, c'est essentiel pour le Canada de gérer ce problème en collaboration avec les États-Unis. Nous avons une économie intégrée. Nous partageons un continent. Et nous avons besoin d'un partenaire dans les dossiers environnementaux pour faire de vrais progrès. Je pense que c'est une belle occasion pour le Canada», a dit le premier ministre.

Durant la campagne présidentielle, Barack Obama s'est notamment prononcé en faveur de l'instauration d'un système de quotas d'émissions aux entreprises et un marché de droits d'émission (cap and trade en anglais). Il a aussi évoqué l'objectif de réduire d'ici 2050 les gaz à effet de serre de 80% par rapport aux niveaux de 1990.

Sous la houlette de George W. Bush, les États-Unis ont longtemps nié la réalité du changement climatique et se sont opposés à tout accord international qui imposerait des conditions contraignantes.

Cela dit, M. Harper ne s'inquiète pas outre mesure des critiques de certains démocrates au sujet de l'exploitation des sables bitumineux en Alberta, une source majeure d'émissions de gaz à effet de serre. Le premier ministre estime que la nouvelle administration va vite comprendre que «le Canada reste pour les États-Unis la source d'énergie la plus importante et la plus sécuritaire. C'est une réalité pour n'importe quel président des États-Unis», a-t-il dit.

Au sujet de la mission en Afghanistan, le ministre des affaires étrangères, Lawrence Cannon, a indiqué mercredi que le Canada compte toujours retirer ses troupes de Kandahar en 2011, même si M. Obama a promis d'y déployer 15 000 nouveaux soldats pour venir à bout des talibans.

 

La Presse CanadienneHarper promet une rencontre avec les premiers ministres

À la suite de la rencontre des premiers ministres prévue lundi, Stephen Harper tiendra une conférence officielle au début de 2009 afin de discuter de la manière d'affronter la crise économique mondiale. Dans une lettre adressée aux premiers ministres des provinces et des territoires, M. Harper soutient que la discussion de trois heures de lundi servira à s'enquérir de leurs points de vue avant de rencontrer les chefs de gouvernement étrangers à Washington. Le premier ministre assistera à un sommet d'urgence du G20 les 14 et 15 novembre pour développer un plan d'action global afin de s'attaquer à la crise mondiale du crédit. Après le sommet, Stephen Harper affirme qu'il fera un compte rendu de la rencontre au cours d'une téléconférence avec les premiers ministres. Dans sa lettre, le premier ministre affirme que les ministres des Finances continueront leur travail et se rencontreront à nouveau en décembre afin de préparer le terrain à une réunion subséquente plus structurée qu'il propose de tenir au début de 2009.