Le premier ministre Harper a fait preuve d'audace, hier, dans la composition de son nouveau cabinet. Plus de femmes, plus de jeunes. Et, au total, beaucoup plus de ministres. Dont les Québécois Lawrence Cannon et Christian Paradis, qui prennent du galon dans une équipe dominée par l'Ontario et dont la composition reflète presque mathématiquement le résultat des dernières élections.

Le premier ministre Stephen Harper a fait quelques gestes audacieux hier en dévoilant la composition de son nouveau cabinet.

D'abord, il a décidé de confier des responsabilités importantes à un nombre record de femmes. Ensuite, il a demandé à un jeune ministre de 34 ans, Christian Paradis, d'être son bras droit au Québec et de s'occuper des dossiers de Montréal, où aucun député conservateur n'a été élu au scrutin du 14 octobre. Enfin, il a accordé des mandats économiques à plusieurs ministres influents de l'Ontario, une province durement touchée par le ralentissement de l'économie.

 

D'ailleurs, immédiatement après le dévoilement de son équipe, Stephen Harper a affirmé que la priorité absolue de son gouvernement sera de prendre les mesures qui s'imposer pour protéger l'économie canadienne.

«Même si les fondements de l'économie canadienne demeurent plus solides, plus stables et plus durables que ceux de tant d'autres pays, il est clair que nous ne sommes pas à l'abri des événements qui se déroulent au-delà de nos frontières. C'est pourquoi notre responsabilité première sera de garantir aux entreprises et aux familles canadiennes la sécurité dont elles ont besoin pour faire face aux difficultés économiques mondiales», a déclaré M. Harper en conférence de presse.

Pour faire de la place à du sang neuf tout en conservant les ministres les plus expérimentés, Stephen Harper a décidé d'augmenter la taille de son cabinet, qui passe de 31 à 37 ministres, plus lui-même. De ce nombre, 11 sont des femmes, soit quatre de plus que dans le dernier cabinet.

Le poids du Québec au sein du cabinet se trouve tout de même quelque peu dilué. Cinq des 10 députés élus au Québec au dernier scrutin se retrouvent à la table du cabinet. Mais l'Ontario, qui a fait élire 51 députés conservateurs, a été récompensée en obtenant 13 ministres.

Titulaire des Transports depuis février 2006 et homme de confiance de Stephen Harper, le ministre Lawrence Cannon se voit accorder une importante promotion. Il est maintenant ministre des Affaires étrangères. La région du Saguenay compte pour sa part deux ministres: Jean-Pierre Blackburn, qui passe du Travail au Revenu, et Denis Lebel, qui accède au cabinet en se voyant confier le Développement économique régional, auparavant sous la responsabilité de M. Blackburn.

Le jeune député Christian Paradis, qui est au cabinet depuis juin, conserve le ministère des Travaux publics, et prend aussi le poste de lieutenant politique au Québec, succédant à Lawrence Cannon, en plus d'être responsable de la région de Montréal. Enfin, Josée Verner voit son souhait exaucé en quittant le ministère du Patrimoine pour s'occuper des Affaires intergouvernementales.

Geste surprenant, M. Harper a confié à Leona Aglukkaq, la nouvelle députée de Nunavut, le ministère de la Santé. Avant de faire le saut sur la scène fédérale, Mme Aglukkaq était ministre de la Santé dans le gouvernement du territoire du Nunavut.

Le premier ministre a aussi réservé une place de choix à Lisa Raitt en la nommant ministre des Ressources naturelles. Femme d'affaires, Mme Raitt a battu le député libéral Garth Turner, un ancien conservateur, dans Halton, et a été présidente de l'Administration portuaire de Toronto avant de se faire élire.

Première députée du Parti conservateur de l'Île-du-Prince-Édouard élue depuis 1988, Gail Shea obtient le ministère des Pêches. Mme Shea a déjà été ministre des Transports dans le gouvernement provincial de Pat Binns.

La députée de la Saskatchewan Lynne Yelich est l'autre femme qui accède au cabinet. Elle obtient un poste junior, celui de ministre d'État responsable de la Diversification de l'économie de l'Ouest.

Les autres femmes qui font partie du cabinet sont Rona Ambrose, qui quitte les Affaires intergouvernementales pour s'occuper du ministère du Travail; Diane Finley, qui retourne au ministère des Ressources humaines après son passage à l'Immigration; Bev Oda demeure à la tête du ministère de la Coopération internationale; Diane Ablonczy est toujours ministre d'État responsable des Petites entreprises; Marjory LeBreton demeure leader du gouvernement au Sénat; et Helena Guergis devient ministre d'État responsable de la Condition féminine.

L'Ontario sort grand gagnant de ce jeu de chaises musicales. Le ministre des Finances, Jim Flaherty, reste en poste, mais Tony Clement se voit confier l'important ministère de l'Industrie après deux ans et demi à la Santé, tandis que John Baird sera maintenant à la tête du ministère des Transports et des infrastructures après son passage houleux à l'Environnement.

Fait intéressant, le ministre de l'Alberta, Jim Prentice, véritable homme de confiance de Stephen Harper, passe du ministère de l'Industrie à celui de l'Environnement, signe incontestable que ce dossier pourrait devenir une plus grande priorité, de pair avec l'économie, pour le gouvernement conservateur.

Plusieurs ministres ont conservé les mêmes fonctions, notamment Peter MacKay (Défense), Rob Nicholson (Justice), Chuck Strahl (Affaires indiennes), Vic Toews (Conseil du Trésor) et Gerry Ritz (Agriculture).

Certains ont obtenu de nouvelles fonctions, dont Jason Kenney (Immigration), Stockwell Day (Commerce international), James Moore (Patrimoine) et Peter Van Loan (Sécurité publique).