La décision de Stéphane Dion de rester à la barre du Parti libéral du Canada jusqu'au choix du prochain chef a reçu en général l'approbation de ses troupes mais non sans quelques grincements dans la machine.

Si plusieurs ont applaudi à cette décision, il n'en fut pas de même pour le sénateur Francis Fox, proche de l'ancien premier ministre Paul Martin, qui a affirmé que M. Dion n'avait plus «l'autorité morale» pour tenir les rênes du parti jusqu'au choix d'un nouveau chef.

Le sénateur libéral a qualifié le bilan de M. Dion d'impressionnant et il s'est dit convaincu qu'il avait devant lui «un brillant avenir», soit comme député ou ministre, soit comme porte-étendard de la lutte aux changements climatiques «à l'image d'un Al Gore». Mais il a déploré que M. Dion n'ait pas démissionné immédiatement. «Pour le Parti libéral, il était temps de tourner la page.» M. Fox a reproché au chef démissionnaire de s'être en quelque sorte «autoproclamé» chef sans savoir s'il aurait le soutien de son caucus. «Il ne jouira pas de ce capital d'autorité morale», a expliqué le sénateur Fox, affirmant encore que les membres de l'aile parlementaire libérale allaient faire dorénavant comme si M. Dion et son entourage n'existaient pas.

Le député Bob Rae, l'un des possibles prétendants à la succession de M. Dion, a au contraire soutenu que le moment était à la réflexion pour le Parti libéral. «J'appuie totalement sa décision de demeurer en poste jusqu'au prochain congrès à la direction.» M. Rae a souligné la détermination et l'intégrité de son chef et son bilan «fantastique» sur la question de l'unité nationale et de l'environnement.

Michael Ignatieff, autre prétendant au trône, a aussi souligné le dévouement de M. Dion à la cause d'un Canada fort et uni. «Grâce à son leadership, le développement durable demeurera un élément central du message libéral pour les années à venir. Grâce à sa détermination, un nombre sans précédent de femmes ont décidé de se joindre au Parti libéral et leur contribution aidera à renouveler le parti.»

Denis Coderre, député de Bourassa et ancien ministre, a aussi salué avec grâce le départ de Stéphane Dion. «Je suis de ceux qui pensent qu'effectivement, les faits parlaient d'eux-mêmes. Il a pris une décision extrêmement difficile sur le plan humain. Il a réalisé qu'il ne pouvait pas gagner de prochaines élections. D'un autre côté, il a le droit de dire s'il veut rester ou pas en attendant. Alors tout ce débat sur la question s'il doit être là ou pas, pour moi, ce n'est pas nécessaire.»

Un autre député montréalais, Pablo Rodriguez, a tenu à saluer le courage de Stéphane Dion. «C'était la décision à prendre, le parti lui doit respect. Je n'ai pas de problème avec le fait qu'il ait décidé de rester le temps de trouver un successeur.»

Le président de l'aile québécoise du PLC, Robert Fragasso, a pour part soutenu que M. Dion avait vu juste en mettant en relief les problèmes financiers du parti. «Il est certain que l'argent est un élément non négligeable (dans la défaite du 14 octobre)». Il a aussi affirmé qu'il respectait la décision de M. Dion de rester en poste en ajoutant que l'intégrité et l'honnêteté de l'homme ne pouvaient d'aucune manière être mises en doute.