«Injuste et illégitime», «antidémocratique», «fédéraliste agressif». La liste d'adjectifs que le mouvement souverainiste a accolés à Stéphane Dion et à sa Loi sur la clarté référendaire s'est encore enrichie hier.

«Comme souverainiste et comme Québécoise, je ne peux oublier que M. Dion a été le père de la Loi sur la clarté, dit Françoise David, porte-parole de Québec solidaire. Je continue de considérer cette loi comme profondément injuste et illégitime.»

Stéphane Dion a cependant fait «le bon geste au bon moment» en annonçant son départ rapidement, estime Mme David. «Il quitte de façon digne et honorable, plutôt que de participer à des luttes fratricides qui laisseraient beaucoup de séquelles.» Elle lui accorde également une bonne note au plan environnemental. «Le Tournant vert est sans doute insuffisant, mais c'est bien meilleur que ce que nous propose Stephen Harper. On sent qu'il y a chez M. Dion des convictions environnementales, écologistes qui sont appréciables. C'est certainement quelqu'un qui a des choses à donner au Canada, au Québec.»

Pour le nouveau président de la Société Saint-Jean-Baptiste-Montréal, Mario Beaulieu, le départ de Stéphane Dion démontre le rejet des Québécois de son fameux plan B. «C'est une bonne nouvelle dans la mesure où les Québécois ne votent plus automatiquement pour un francophone. Ça a marché avec Saint-Laurent, ç'a marché avec Laurier, ç'a marché avec Trudeau. C'est une époque qui est révolue.»

Deux poids, deux mesures

Le militant souverainiste Patrck Bourgeois, rédacteur en chef de la revue Le Québécois, ne mâche pas ses mots: Stéphane Dion «a combattu les indépendantistes de façon pas tellement respectable, et il a adopté plusieurs des fois des positions pas mal antidémocratiques». Outre sa Loi sur la clarté, le politicien libéral a «jonglé» à quelques reprises avec la partition du Québec, accuse-t-il, et a refusé de condamner cette possibilité.

Cela dit, M. Bourgeois avoue avoir compati au sort de Stéphane Dion à quelques reprises depuis un mois. «Il se faisait tellement ramasser parce qu'il ne parlait pas bien anglais qu'il en faisait presque pitié. J'ai trouvé ça mesquin. Le débat des chefs qu'on a eu en français, ça nous a donné des maux de tête: il y en avait trois qui n'étaient à peu près même pas capables de baragouiner en français. C'est deux poids, deux mesures.»

M. Bourgeois ne se fait toutefois pas d'illusions sur le remplaçant de Stéphane Dion. «C'est plus le parti qui est problématique que les individus. Mais Stéphane Dion, même si on ne l'aimait pas, il reste qu'il est intelligent. Là, ils vont peut-être se retrouver avec Justin Trudeau qui est tout aussi fédéraliste que Stéphane Dion mais sans avoir son intelligence!»

Voeux de Charest

Le premier ministre Jean Charest a tenu à rendre hommage à Stéphane Dion. Au moment où le chef libéral fédéral annonçait sa décision, les premiers ministres provinciaux étaient réunis pour discuter de la crise financière.

«Je veux offrir à M. Dion nos voeux pour l'avenir. Il a travaillé ouvertement, honnêtement avec ses collègues. Les contacts qu'il a eus avec tous les premiers ministres ont toujours été positifs», a soutenu Jean Charest qui présidait hier la conférence du Conseil de la fédération.

M. Charest a remarqué que le chef libéral restait pour l'heure comme député: «Il ne quitte pas la vie politique, il y a de très bonnes chances qu'il continue à oeuvrer au niveau fédéral. On lui souhaite bonne chance.»

Avec Denis Lessard