«En politique, être deuxième fait automatiquement de vous un perdant», a écrit Norman Spector, ancien collaborateur de Brian Mulroney, dans Le Devoir en 2002. C'est vrai, ajoutait-il, sauf pour Joe Clark.

M. Clark a été «rétrogradé» trois fois au Parti progressiste-conservateur. En 1983, alors qu'il est chef du parti, il lance une course à la direction après avoir obtenu «seulement» 66% d'appuis de ses membres. Il s'incline devant Brian Mulroney. M. Clark décide néanmoins de rester au parti.

 

Même si les dissensions entre Mulroney et Clark sont notoires, l'ancien chef est loyal à son nouveau patron. En 1984, il devient ministre des Affaires étrangères. Durant les sept ans de son règne qualifié d'«exceptionnel», le Canada prend fermement position contre l'apartheid et contre l'intervention américaine au Nicaragua, tout en négociant l'Accord de libre-échange.

En 1993, après un passage aux Affaires constitutionnelles - et le rejet de l'accord de Charlottetown -, Joe Clark décide de quitter le parti, qui commence à s'entredéchirer pour la succession de Brian Mulroney.

Il revient en 1998 alors que le parti est endetté de 10 millions et n'a que 19 députés à Ottawa. Il est perçu comme le sauveur de la formation et celui qui pourra repousser les avances du Parti réformiste, qui gruge les bases du Parti conservateur en Alberta. Il maintiendra son parti à flot pendant les années du règne de Jean Chrétien à Ottawa.

En 2002, il annonce finalement qu'il ne se présentera pas au scrutin de 2004.

Depuis qu'il n'est plus en politique, Joe Clark mène une carrière universitaire aux États-Unis et au Canada, en plus d'être consultant international. Il est président de Clark Sustainable Resource Developments, compagnie consacrée au développement durable en Afrique.

En septembre dernier, il a siégé à une conférence internationale sur la sécurité alimentaire à Montréal. «Nous sommes influents dans plusieurs organisations où sont prises les décisions concernant les politiques alimentaires, a-t-il déclaré. Le leadership canadien peut faire une différence.»