L'ancien premier ministre du Nouveau-Brunswick, Bernard Lord, jouera un rôle de premier plan pour le Parti conservateur aux prochaines élections. Bilingue et vu par des observateurs comme un éventuel successeur de Stephen Harper, M. Lord sera l'un des coprésidents de la campagne nationale du PCC, a appris La Presse hier.

Bernard Lord est natif de Roberval et ne cache pas ses ambitions de faire le saut en politique fédérale un jour. Ces prochaines semaines, il aura un mandat spécifique durant la campagne électorale : parcourir le Québec et mettre en doute l'utilité du Bloc québécois et vanter le bilan du gouvernement minoritaire Harpe.

Le premier ministre se rendra à la résidence de la gouverneure générale Michaëlle Jean dimanche matin afin de lui demander de dissoudre le Parlement. Les Canadiens iront aux urnes le mardi 14 octobre.«Bernard Lord est prêt à faire sa petite contribution pour aider à débloquer le Québec», a affirmé hier une source conservatrice en faisant allusion à la charge que le Parti conservateur entend mener contre le Bloc durant la campagne électorale.

Même s'il a quitté la tête du Parti progressiste conservateur du Nouveau-Brunswick après sa défaite aux mains des libéraux de Shawn Graham en 2006, M. Lord est demeuré actif sur la scène nationale en défendant régulièrement le bilan du gouvernement Harper dans le cadre de tables rondes sur les ondes du réseau anglais CTV, entre autres.

Un homme occupé

En décembre dernier, M. Harper avait confié à M. Lord le mandat de diriger les consultations pancanadiennes sur la dualité linguistique et les langues officielles. M. Lord s'est joint au cabinet McCarthy Tétrault à titre d'avocat-conseil au début de 2007.

Déjà sollicité

Selon des informations obtenues hier, l'ancien premier ministre du Nouveau-Brunswick a déjà reçu l'invitation d'une demi-douzaine de candidats conservateurs au Québec pour qu'il vienne leur donner un coup de pouce. M. Lord, qui a aussi été sollicité par des candidats du Nouveau-Brunswick et ailleurs dans les provinces atlantiques, sera en outre l'un des principaux porte-parole du parti durant les émissions de télévision.

« Il va y avoir une tournée parallèle de Bernard Lord dans tout le Québec », a affirmé une autre source conservatrice.

À trois jours du déclenchement des élections, un sondage national réalisé pour le compte de Radio-Canada/CBC accorde 38 % des intentions de vote au Parti conservateur et 28 % au Parti libéral. Le NPD récolte pour sa part 19 % des appuis alors que le Parti vert doit se contenter de 7 %.

Au Québec, le Bloc québécois est en tête avec 34 % de la faveur populaire, une avance de 11 points de pourcentage sur le Parti conservateur (23 %). Le Parti libéral est troisième avec 22 %.

Ce sondage a été réalisé par la firme Environics, du 29 août au 2 septembre, auprès de 2505 Canadiens. La marge d'erreur est de plus ou moins 2 %, 19 fois sur 20.

Tous les partis politiques sont déjà sur le pied de guerre depuis plusieurs semaines.

Dion à l'attaque

Hier, à Winnipeg, le chef du Parti libéral, Stéphane Dion, a lancé une salve en direction du premier ministre en réclamant la démission du ministre de l'Agriculture Gerry Ritz, qui a tenu des propos contradictoires, selon lui, au sujet de la décision du gouvernement conservateur d'abandonner les inspections alimentaires.

M. Dion a soutenu que M. Ritz a fait preuve d'incompétence dans le dossier de l'éclosion de cas de listériose liés à des produits de viande fabriqués dans une usine Maple Leaf de Toronto qui a déjà fait au moins 13 morts.

Le chef libéral s'est aussi dit prêt à se lancer en campagne et a minimisé hier les informations publiées dans La Presse selon lesquelles les troupes libérales au Québec sont mal préparées pour la bataille à venir.

Layton et Obama

À Toronto, le chef du NPD, Jack Layton, a soutenu hier qu'il peut accéder au poste de premier ministre du Canada et qu'il pourrait bien s'inspirer de Barack Obama pour y arriver. M. Layton a affirmé que son parti n'a jamais été aussi bien placé pour mener une campagne électorale, et qu'il est parvenu à constituer sa meilleure équipe de candidats depuis longtemps.

Dans un discours de 24 minutes devant un groupe de sympathisants et de candidats de la région de Toronto, M. Layton a attaqué Stephen Harper et n'a même pas évoqué une seule fois le nom du chef libéral Stéphane Dion.

Duceppe à Québec

À Québec, le chef du Bloc québécois Gilles Duceppe a pour sa part répété que son parti est le seul parti politique au Québec capable de faire échec aux conservateurs, les libéraux étant désorganisés dans la province. Il a invité à se rallier derrière le Bloc «tous ceux», incluant les libéraux fédéraux déçus, qui veulent empêcher les conservateurs de former un gouvernement majoritaire.

Stephen Harper a pour sa part réuni hier son cabinet, pour la dernière fois avant les élections, à la résidence d'été du premier ministre au lac Meech, dans l'Outaouais québécois. À l'issue de cette réunion, trois ministres ont confirmé qu'ils ne seront pas sur les rangs aux prochaines élections. Il s'agit du ministre des Affaires étrangères David Emerson, de la Colombie-Britannique, du ministre des Ressources humaines, Monte Solberg, de l'Alberta, et du ministre des Pêches et Océans, Loyola Hearn, de Terre-Neuve.

Avec La Presse Canadienne