Le premier ministre Stephen Harper ne laisse plus planer aucun doute sur ses intentions de déclencher des élections fédérales cet automne. Tout indique que les Canadiens iront aux urnes le mardi 14 octobre.

Le bureau de M. Harper a annoncé hier soir que le voyage de la gouverneure générale Michaëlle Jean en Chine, prévu du 6 au 10 septembre, a été annulé. Mme Jean devait assister aux cérémonies d'ouverture des Jeux paralympiques de Pékin. Ce voyage avait pourtant été confirmé par le bureau du premier ministre pas plus tard que vendredi dernier. Mme Jean sera remplacée par le lieutenant gouverneur de l'Ontario, David Onley.«Ce serait prudent pour la gouverneure générale de demeurer au Canada», a indiqué hier soir Dimitri Soudas, proche collaborateur du premier ministre.

Il semble donc acquis que M. Harper se rendra à la résidence du gouverneur général au plus tard le dimanche 7 septembre afin de lui demander de dissoudre le Parlement et convoquer les Canadiens aux urnes le 14 octobre.

Ce scrutin sera donc déclenché avant la tenue des élections partielles du 8 septembre dans trois circonscriptions, soit Saint-Lambert et Westmount-Ville-Marie, au Québec, et Guelph, en Ontario. Une quatrième élection partielle était prévue le 22 septembre dans la circonscription ontarienne de Don Vallley Ouest.

En matinée, hier, le premier ministre Stephen Harper a donné d'autres indices qu'il comptait déclencher des élections générales cet automne. En conférence de presse, il a affirmé que le refus du chef du Parti libéral Stéphane Dion de le rencontrer avant le 9 septembre pour discuter de la justesse de poursuivre les travaux parlementaires ou de déclencher des élections représente une autre preuve que le Parlement est dysfonctionnel.

Depuis trois semaines, M. Harper laisse entendre qu'il serait futile de reprendre les travaux parlementaires le 15 septembre étant donné que deux des trois partis de l'opposition, le Bloc québécois et le NPD, veulent provoquer la chute de son gouvernement minoritaire à la première occasion et que le Parti libéral brandit aussi cette menace, mais plus subtilement.

Devant les journalistes, M. Harper a balayé d'un revers de main l'idée selon laquelle il irait à l'encontre de la Loi sur les élections à date fixe en déclenchant lui-même des élections. Cette loi stipule que les élections doivent avoir lieu tous les quatre ans et fixe le prochain scrutin à octobre 2009.

«Le but de la loi est d'offrir de la certitude. Évidemment, dans un gouvernement minoritaire, il n'y pas de certitude. J'ai été clair là-dessus dès le début. Tous les partis de l'opposition sont clairs. Ils ne vont pas appuyer mon gouvernement jusqu'en octobre 2009. À défaut d'avoir de la certitude au sujet de la date des prochaines élections, il incombe donc au gouvernement d'offrir cette certitude», a dit M. Harper.

Réagissant aux propos de M. Harper, le chef libéral Stéphane Dion a accusé M. Harper de provoquer une crise artificielle dans l'unique but de justifier des élections cet automne.

M. Dion s'est dit prêt à rencontrer le premier ministre avant la reprise des travaux parlementaires, le 15 septembre. Mais il est hors de question de régler le tout à l'occasion d'un appel téléphonique.

Le chef libéral a ajouté que M. Harper tente simplement d'imposer la tenue d'élections avant que le ralentissement de l'économie ne démasque les faiblesses des politiques conservatrices, et avant que les comités parlementaires ne puissent explorer les problèmes d'ordre «éthique» des conservateurs.