Le gouvernement du Québec a exprimé, hier, sa satisfaction après la prise de contrôle du programme de la C Series par le géant européen de l'aéronautique Airbus. Dans une conférence de presse donnée hier soir à Montréal, la ministre de l'Économie du Québec, Dominique Anglade, a indiqué que l'entente conclue entre Bombardier et Airbus est la « meilleure option qui permet de garder les emplois et d'assurer la longévité du programme de la C Series ».

« Nous devons mettre toutes les conditions en place pour assurer le succès de la C Series pour les travailleurs de Bombardier et pour tous les Québécois qui l'ont financée », a dit Mme Anglade. Elle a aussi précisé qu'Airbus s'est engagé à maintenir les activités principales et industrielles de la C Series à Mirabel ainsi qu'à préserver au Québec les activités d'ingénierie, de recherche et de développement.

Dans l'entente signée avec Bombardier, Airbus a promis de prolonger de cinq ans, soit jusqu'en 2041, « l'entente de continuité », ce qui permettra de maintenir les emplois liés à la fabrication de la C Series à Mirabel.

Quelques jours après l'imposition de près de 300 % de tarifs punitifs sur les avions C Series par le gouvernement américain, la ministre de l'Économie a déploré que « la plainte de Boeing ait fermé l'accès de ces avions au marché américain et ait créé de l'incertitude chez certains acheteurs ».

Mais elle s'est montrée satisfaite de la réponse de Bombardier. « En alliant Bombardier au plus grand compétiteur de Boeing, une toute nouvelle dynamique s'installe dans ce segment de marché [de 100 à 150 places] qui devrait représenter des opportunités qui tournent autour de 6000 avions au cours des 20 prochaines années », a-t-elle dit.

L'entente sur l'acquisition d'une part majoritaire dans la C Series par Airbus fait passer la participation du gouvernement du Québec à 19 %. Interrogée sur la valeur de l'investissement du gouvernement du Québec dans ce contexte, Mme Anglade a assuré qu'elle reste inchangée.

ENTENTE À APPROUVER

À Ottawa, le ministre de l'Innovation, des Sciences et du Développement économique, Navdeep Bains, a indiqué que cette entente devra être approuvée par le gouvernement fédéral en vertu de la Loi sur Investissement Canada.

« Dans le cadre de telles propositions d'investissement, le gouvernement doit évaluer si celles-ci sont dans l'intérêt national. L'entente d'Airbus, comme toute proposition d'investissement considérable effectué au pays par des non-Canadiens, est assujettie à la Loi sur Investissement Canada, une loi de mon ressort. » - Navdeep Bains, ministre de l'Innovation, des Sciences et du Développement économique

Dans sa déclaration, le ministre a tenu à souligner les avancées technologiques de la C Series de Bombardier.

« L'avion C Series est le plus gros aéronef assemblé au Canada, et sa production fournit du travail à 238 fournisseurs de toutes les régions du Canada. À première vue, le nouveau partenariat avec Airbus proposé par Bombardier concernant cet aéronef aiderait à mettre la C Series sur la voie du succès, puisqu'il réunit, d'une part, l'excellence en innovation et, d'autre part, un accès accru au marché ainsi qu'un pouvoir de vente sans précédent », a-t-il dit.

« Ce projet de partenariat permettra à Airbus de faire du Canada sa cinquième patrie, la première en dehors de l'Europe. L'entreprise compte déjà un effectif canadien de 1900 personnes réparties dans 7 provinces et génère des dépenses de l'ordre de 1,2 milliard de dollars dans la chaîne d'approvisionnement canadienne. Il y a là aussi une occasion de faire croître notre industrie de l'aérospatiale et de créer des emplois bien rémunérés pour la classe moyenne dans tout le pays » a-t-il ajouté.

Photo Adrian Wyld, archives La Presse canadienne

Navdeep Bains, ministre de l'Innovation, des Sciences et du Développement économique

Photo Ryan Remiorz, Archives La Presse Canadienne

Une fois que la transaction aura été conclue, le Québec deviendra le plus grand pôle de développement d'Airbus à l'extérieur de l'Europe.