Le comité qui se penche sur la réforme électorale a commencé son étude sur les différents modes de scrutin en se faisant dire par des experts qu'il n'y avait «pas de système parfait».

Toute la semaine, des professeurs d'université et spécialistes se succéderont à Ottawa pour parler de différents systèmes qui pourraient remplacer le mode de scrutin majoritaire uninominal à un tour qui prévaut actuellement au Canada.

Lundi, le comité a entendu des points de vue divergents sur les possibles écueils d'un système proportionnel mixte. L'un des experts, le professeur Kenneth Carty de l'Université de la Colombie-Britannique, a dit craindre qu'un changement de cet ordre fragmente le pays et affaiblisse les partis nationaux. «Nos partis nationaux pourraient facilement se briser en pièces de différentes sortes et différentes formes», a-t-il soutenu.

Au contraire, Brian Tanguay, de l'Université Wilfrid Laurier, a plaidé en faveur de ce type de système. Il a insisté sur le fait qu'il ne fallait pas craindre les gouvernements de coalition qui pourraient en découler. Les coalitions permettraient au contraire de diminuer le cynisme de la population à l'égard de la politique, selon lui.

Les experts ont toutefois paru d'accord sur le fait qu'il n'était pas utile de soumettre à un référendum un changement dans la façon dont les Canadiens votent.

«Ce n'est pas nécessaire, c'est un gaspillage d'argent et ça va presque certainement échouer», a fait valoir un troisième expert, Nelson Wiseman, de l'Université de Toronto.

Le directeur général des élections, Marc Mayrand, a déjà prévenu qu'un référendum coûterait 300 millions $ et devrait être tenu d'ici moins d'un an, afin qu'Élections Canada ait le temps de préparer les prochaines élections générales sous le nouveau système choisi.

Les conservateurs martèlent que tout changement au mode de scrutin doit absolument faire l'objet d'un référendum. Les députés conservateurs siégeant sur le comité n'ont d'ailleurs pas lâché le morceau devant les trois témoins, tentant - sans succès - de leur faire dire qu'un référendum s'impose.

«Ce que nous propose le gouvernement (...), c'est un changement radical sur le mode d'élection. Et on ne peut pas faire ce changement-là comme si de rien n'était», a insisté le député conservateur Gérard Deltell à la sortie de la rencontre. Un peu plus tôt, M. Tanguay avait contesté l'utilisation du mot «radical» dans ce contexte, rappelant que de nombreux pays avaient changé leur mode de scrutin.

Les professeurs qui ont comparu se sont pas ailleurs entendus pour dire qu'il sera difficile d'éveiller l'intérêt de la population à l'enjeu de la réforme du mode de scrutin. Ils étaient également tous trois réticents à l'idée d'un vote par internet, puisqu'ils craignent une cyberattaque.

En campagne, Justin Trudeau avait promis que les élections d'octobre 2015 seraient les dernières selon les paramètres actuels. Le comité dispose de peu de temps pour étudier la question, puisqu'il doit remettre son rapport au gouvernement au plus tard le 1er décembre.