Les États unis et le Canada se sont engagés vendredi à poursuivre leur combat commun contre le groupe État islamique, malgré le retrait annoncé par Ottawa de ses six avions de combat F18 de la coalition antidjihadiste.

Stéphane Dion, ministre canadien des Affaires étrangères a accueilli à Québec ses homologues américain John Kerry et mexicaine Claudia Ruiz Massieu dans le cadre des réunions annuelles de la diplomatie nord-américaine.

Le nouveau gouvernement libéral de Justin Trudeau doit, depuis la fin de l'automne, jongler entre sa volonté de replacer le Canada sur l'échiquier de la diplomatie mondiale et le camouflet infligé à ses alliés de la coalition avec la fin prévue de ses frappes aériennes contre le groupe État islamique (EI).

Pour l'instant, les six F18 canadiens poursuivent leurs frappes sur les positions des djihadistes tant en Irak qu'en Syrie. Curieusement, alors que Justin Trudeau ou Stéphane Dion répètent sans cesse que les avions vont rentrer, les frappes aériennes des F18 sont plus soutenues que le rythme observé sous les conservateurs depuis le début des bombardements à l'automne 2014.

Et le chef de la diplomatie canadienne va participer la semaine prochaine à Rome à la réunion de la coalition dirigée par les États-Unis pour discuter de différents projets alternatifs aux frappes aériennes.

«Les frappes aériennes (de la part d'autres pays) vont se poursuivre, même si le Canada investit ses efforts dans d'autres domaines qui sont aussi nécessaires, et nous annoncerons prochainement ce que seront ces efforts», a déclaré M. Dion.

«Nous allons poursuivre notre discussion sur cela à Rome», a-t-il ajouté.

Le chef de la diplomatie américaine John Kerry a semblé satisfait des promesses du Canada, reconnaissant ses efforts dans le combat jusqu'ici et prédisant un bel avenir à la coalition.

«Le Canada a joué un rôle énorme dans les composantes militaires et humanitaires du combat contre l'EI», a dit le secrétaire d'État.

«Et sur la base de ma conversation avec Stéphane, j'ai absolument confiance que le premier ministre et son équipe travaillent pour trouver des façons (...) de continuer à livrer une contribution significative à nos efforts».

Plan centré sur l'Irak

Justin Trudeau s'est engagé à renforcer la présence sur le terrain de militaires canadiens pour la formation des forces irakiennes et aussi à accentuer ses efforts humanitaires.

«Nous travaillons sur un plan qui sera en grande partie centré sur l'Irak», a précisé M. Dion, tout en soulignant qu'il concernerait aussi la Syrie ainsi que «deux autres pays qui doivent demeurer forts, (qui) ne doivent pas être affaiblis ou affectés par les mouvements de réfugiés»: le Liban et la Jordanie.

MM. Dion et Kerry ont aussi discuté de la visite officielle du premier ministre canadien à Washington le 10 mars, avec un dîner d'État offert par Barack Obama en l'honneur de M. Trudeau et de son épouse, Sophie Grégoire-Trudeau. Il faut remonter à 1997 pour voir un premier ministre canadien recevoir un tel honneur.

«Je sais que le président Obama a très hâte d'accueillir le premier ministre Trudeau à Washington», a dit M. Kerry.

M. Dion a par ailleurs réaffirmé l'engagement de son gouvernement à mettre fin à l'obligation d'un visa pour les visiteurs mexicains, imposé en 2009 par le précédent gouvernement conservateur. «Notre premier ministre veut que le visa soit éliminé», a-t-il dit.

Les trois pays ont par ailleurs convenu d'accroître leurs efforts communs sur le changement climatique après le succès de la COP21 en décembre à Paris.

Claudia Ruiz Massieu, John Kerry et Stéphane Dion ont aussi préparé le sommet des chefs d'État et de gouvernement des trois pays plus tard dans l'année.