Descendu en flammes par les syndicats, le projet de loi no 3 sur les régimes de retraite a plutôt été applaudi par le monde municipal, qui le décrit comme «un coffre à outils nécessaire».

En point de presse ce matin, entouré de ses collègues de l'Union des municipalités du Québec, le maire de Montréal Denis Coderre a par ailleurs lancé un «appel au calme» aux syndicats d'employés municipaux, qui ont assimilé ce projet de loi à une véritable déclaration de guerre. Vendredi dernier, plus de 80 pompiers montréalais ont annoncé leur départ à la retraite en réaction au projet de loi. Ce mot d'ordre ne semble pas avoir été suivi dans d'autres municipalités, selon la présidente de l'UMQ, Suzanne Roy.

«Je demanderais à nos employés de rester calme, a déclaré le maire Coderre. Je comprends que certains syndicats ont multiplié les appels, notamment les pompiers. On est capables de se parler, de discuter, mais il y a une obligation de résultat.»

Négociations et arbitrage

Syndicats et municipalités auront jusqu'en janvier 2016 pour négocier le partage à parts égales de la facture de leurs régimes de retraite. Ce coût ne pourra représenter plus de 18 % de la masse salariale -20 % pour les pompiers et policiers-, devra inclure l'abolition de l'indexation automatique et la constitution d'un fonds de stabilisation. En cas d'échec des négociations, un arbitre devra trancher, sur la base de ce projet de loi.

«Le nouveau gouvernement a rempli son engagement électoral, estime Mme Roy. Il répond aux objectifs que nous souhaitions, qui étaient de protéger les contribuables, les régimes de retraite et les retraités. Ce sont des solutions réalistes, responsables et durables, une invitation claire à s'asseoir et à négocier.»

Les maires présents à la conférence de presse ont répété à plusieurs reprises que ces mesures permettraient d'assurer la pérennité des régimes et l'équité intergénérationnelle. Ils ont par ailleurs insisté sur le respect de la «capacité de payer du contribuable». «C'est la même poche qui paie, dit le maire Coderre. Qu'est-ce qu'on est capable de faire pour lui donner un "break"?»

L'UM. représente 108 municipalités qui gèrent quelque 200 régimes de retraite à prestations déterminées, dont la grande majorité est en déficit. Au total, ces régimes ont un manque à gagner de 3,9 milliards, dont 1,6 milliard pour la seule Ville de Montréal.

«Nous, on est prêts à négocier, assure la mairesse de Longueuil, Caroline Saint-Hilaire. La force du projet de loi, c'est qu'il est flexible. Il n'y aura pas de solution mur-à-mur. C'est un peu prématuré de dire aujourd'hui qu'on part en guerre.»