Le ministre des Affaires intergouvernementales, Denis Lebel, s'inquiète au plus haut point de l'appauvrissement du Québec, qui recevra la somme record de 9,3 milliards de dollars en paiements de péréquation en 2014-2015 - soit plus de 55% de l'enveloppe fédérale destinée aux provinces les moins riches du pays.

Ces chiffres le poussent à faire un constat brutal: le Québec voit «tristement» grandir sa dépendance à la croissance économique du reste du Canada, et ce, année après année. Et le vieillissement de la population risque de ne faire qu'empirer la situation fiscale de la province.

Dans une entrevue accordée à La Presse, hier, à son bureau de la Colline du Parlement, le lieutenant politique de Stephen Harper au Québec lance un véritable cri du coeur. L'heure est venue, selon lui, de prendre les moyens de créer de la richesse au Québec. L'un de ces moyens est d'exploiter les importantes richesses naturelles que recèle la province.

«Que doit-on faire pour garder un Québec très fort? Je suis un adepte d'un Québec fort dans un Canada uni. Le Québec a des ressources naturelles immenses. Je suis en faveur d'un développement durable et responsable pour créer de la richesse», a lancé M. Lebel.

Même s'il soutient qu'il ne veut pas s'ingérer dans la prochaine campagne électorale au Québec, qui pourrait survenir au printemps, M. Lebel affirme qu'il ne peut rester insensible aux différents débats qui agitent la société québécoise depuis quelques mois.

Le débat sur la Charte des valeurs du gouvernement Marois, la place des immigrants dans une société confrontée à des défis démographiques importants, les sommes importantes qui sont versées sous forme de transferts au Québec par Ottawa, de même que l'exploitation responsable des ressources naturelles, tous ces débats l'interpellent.

«Le Canada s'est doté d'une stratégie de développement responsable des ressources. Malheureusement, au Québec, nous semblons être encarcanés dans une époque de moratoires, de manifestations et de peur d'avoir peur. Dans mes tournées du Québec des derniers mois, les gens que j'ai rencontrés dans les régions m'ont interpellé en me disant que le Plan Nord est maintenant le "Plan Mort"», a soutenu le ministre, qui signe aussi une lettre ouverte aux Québécois dans les pages Débats de La Presse aujourd'hui.

Ressources

L'optimisme des travailleurs dans ces régions a fait place au pessimisme à la suite de certaines décisions prises par le gouvernement Marois, a constaté M. Lebel. Il persiste, selon lui, «d'énormes inquiétudes sur l'avenir de notre province au chapitre des ressources naturelles». Le ministre dit avoir lu avec intérêt le manifeste signé par 11 personnalités du Québec, dont Bernard Landry, Monique Jérôme-Forget, Éric Forest, Joseph Facal et Françoise Bertrand, qui exhorte le gouvernement Marois à autoriser l'exploration des ressources pétrolières afin de créer de la richesse.

Les signataires du manifeste insistaient sur «l'urgence d'agir» afin de «léguer aux générations futures un Québec en meilleure posture financière».

«Il y a une solution d'avenir. Il faut utiliser nos ressources naturelles pour garder nos niveaux de vie», a dit M. Lebel, citant l'exemple de Terre-Neuve-et-Labrador, une province autrefois considérée comme pauvre qui ne reçoit plus aujourd'hui de paiement de péréquation grâce à l'exploitation du pétrole.