Les autorités contrôlent ce qu'elles peuvent contrôler, ont évacué les citoyens qui devaient être évacués, mais certains feux sont d'une ampleur telle qu'il est illusoire de penser les éteindre en les arrosant, a fait savoir Mme Marois, qui donnait une conférence de presse sur un autre sujet, à Montréal.

«On essaie de contrôler la progression du feu, mais il est tellement imposant, qu'il va devoir s'éteindre vers les réservoirs - c'est ce qui arrive actuellement. Il va s'éteindre parce qu'il va atteindre les réservoirs (d'eau). Nous sommes sur le terrain, très présent. J'ai régulièrement des rapports. Nous sommes en contrôle, mais la nature, nous ne pouvons pas la contrôler, elle», a commenté Mme Marois.

La Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU) s'affaire à protéger les infrastructures et essaie de restreindre le feu à un certain corridor, a-t-elle rapporté. «Les actions qui devaient être menées ont été menées correctement et au bon moment», a-t-elle ajouté.

Elle a aussi répété que les autorités travaillaient main dans la main, à savoir la Sécurité civile, la SOPFEU, la Sûreté du Québec, sans compter Hydro-Québec, qui veille à la sécurité de ses équipements, donc à la stabilité de l'approvisionnement électrique. Mais plusieurs pannes ont été rapportées jusqu'ici, généralement de courte durée.

En soirée, vendredi, Mme Marois a tenu une conférence de presse durant laquelle elle a assuré qu'aucun citoyen n'était en danger et qu'une équipe suivait la situation d'heure en heure. L'équipe, a ajouté Mme Marois, est sous son «entière autorité en tant que première ministre».

Accompagnée du PDG d'Hydro-Québec, Thierry Vandal, et de la ministre des Ressources naturelles, Martine Ouellet, Mme Marois a confié que les équipements d'Hydro-Québec étaient sous haute surveillance, incluant les lignes qui acheminent l'électricité vers le sud de la province. Elle a aussi précisé que dix feux étaient en activité, dont deux qui faisaient l'objet d'une surveillance toute particulière.

«Nous faisons face à une situation climatique exceptionnelle. Il y a une sécheresse qui est du jamais vu depuis 40 ans. Cependant, heureusement, les prévisions météorologiques nous indiquent qu'il devrait y avoir de la pluie dans les régions touchées dans les prochains jours», a annoncé la première ministre.

Selon Mme Marois, aucun autre délestage n'est prévu pour l'instant.

«Mais si la situation devait changer dans les prochains jours et qu'on venait à perdre des lignes électriques, il pourrait y avoir du délestage, c'est-à-dire que l'électricité ne serait pas rendue disponible pour un certain nombre de consommateurs. Cependant, ce serait pour une courte période de temps, et ça ne toucherait pas les infrastructures critiques», a-t-elle fait remarquer.

Plus tôt vendredi, par ailleurs, Mme Ouellet avait confirmé en entrevue que la SOPFEU était bel et bien intervenue au nord du 51e parallèle, contrairement à ce que certains avaient prétendu. Mais elle intervient pour protéger les personnes et les équipements, pas systématiquement les arbres.

«C'est un feu d'une ampleur qu'on a rarement vu au Québec», a résumé Mme Ouellet.

Plus précisément, «il y a six hélicoptères et 72 personnes pour protéger le village d'Eastmain. Il y a de l'arrosage qui se fait par les airs et du sol pour protéger les personnes», a-t-elle relaté.

Les autorités ont fait savoir que les dangers d'incendie de forêt demeuraient extrêmes dans plusieurs régions du Québec, particulièrement dans le nord de la province, en raison du temps sec et chaud qui y perdure.

Les feux à ciel ouvert en forêt ou à proximité sont notamment interdits de la Baie-James jusqu'à la frontière avec le Labrador.

Des secteurs du Saguenay-Lac-Saint-Jean et de la Côte-Nord sont également visés par l'interdiction décrétée par le ministère des Ressources naturelles.

Très peu de précipitations sont prévues au cours des prochains jours.

Depuis le début de la saison, 294 incendies de forêt ont été répertoriés au Québec.

À son tour, le maire par intérim de Montréal, Laurent Blanchard, a souhaité que les pannes de métro causées par les fluctuations de tension, comme celle de mercredi dernier, ne se répètent pas.

«Dans la mesure où ces pannes-là sont ponctuelles et ne durent que quelques minutes, je n'ai pas à avoir d'inquiétude structurelle. Mais c'est évident que si le métro successivement, pendant trois jours consécutifs, tombe en panne pour un certain nombre de minutes ou d'heures, bien ça introduit un climat d'inquiétude. Et Montréal, c'est la ville des festivals, la ville de l'été, c'est la ville qui se veut festive. Alors je ne veux pas qu'on considère le fait de se promener à Montréal comme étant une aventure», a commenté M. Blanchard.

Jacques Viger, directeur régional de la Sécurité civile, pour l'Abitibi-Témiscamingue, le Nord-du-Québec et l'Outaouais, a affirmé lors d'une entrevue qu'au moins une dizaine de brasiers sont en activité.

Le plus important, identifié par le numéro 235 par la SOPFEU, a déjà détruit plus de 400 000 hectares de bois, soit une superficie de 4000 kilomètres carrés.

M. Viger a affirmé qu'il est peu fréquent que des brasiers prennent une telle ampleur.

«Ce feu là, je pense que je n'ai jamais rien vu d'aussi gros», a-t-il dit.

Le deuxième plus vaste, le 245, a quant à lui brûlé 100 000 hectares de bois et il fait toujours rage.

Une centaine d'employés de la SOPFEU travaillent à Eastmain, où 400 personnes sont demeurées sur place après l'évacuation des 350 autres, a indiqué le porte-parole.

Malgré les 5 à 10 mm de pluie attendus samedi, M. Viger croit que cela ne sera pas suffisant pour arrêter «le gros feu».

«Ça va se tempérer un petit peu, ces feux-là, avec la météo, mais ça va prendre plus d'eau que ça pour les éteindre», a-t-il dit.