Le Commissaire au lobbyisme demeure insatisfait par rapport au peu d'empressement des firmes de génie-conseil à révéler leurs communications d'influence auprès du gouvernement et des municipalités et à s'inscrire au registre des lobbyistes.

Depuis l'adoption de la Loi sur la transparence et l'éthique en matière de lobbyisme, en 2002, seulement neuf firmes de génie se sont inscrites au registre des lobbyistes, soit 50% des grandes firmes. Dans la foulée de révélations incriminantes devant la commission Charbonneau et des arrestations d'ingénieurs à la suite de différents scandales, ce sont six firmes de génie qui ont toutefois fait cette démarche au cours des deux derniers mois.

On y retrouve SNC-Lavalin, Cima+, Cegertec, Solinov, Beaudoin Hurens (anciennement LBHA) et Mission HCE. S'ajoutent les firmes Dessau, BPR et EXP (ex-Teknika HBA), qui sont inscrites depuis 2012.

«Il s'agit d'un changement timide. Le Commissaire n'est pas satisfait, parce que ce n'est pas l'ensemble des mandats de lobbyisme des firmes. Le compte n'y est toujours pas», a affirmé hier Émilie Giguère, directrice des communications pour le Commissaire au lobbyisme.

La résistance des firmes de génie à associer leurs activités de développement des affaires à du lobbyisme semble inébranlable. Or, les travaux de la commission Charbonneau ont démontré que le développement des affaires rime souvent avec du financement politique occulte permettant d'accéder à des contrats.

À cet égard, le Commissaire au lobbyisme a longuement travaillé avec l'Association des ingénieurs-conseils et l'Ordre des ingénieurs afin de bien expliquer les obligations législatives. Malgré tout, les inscriptions ne se sont pas multipliées et les firmes qui ont osé faire le pas n'ont dévoilé que des mandats généraux, constate-t-on chez le Commissaire.

Ainsi, Dessau, qui a été la première firme à s'inscrire au registre, s'est bornée à indiquer qu'elle faisait des représentations auprès de municipalités dans le but d'obtenir des contrats de services professionnels. La semaine dernière, c'était au tour de SNC-Lavalin, fortement ébranlée par les accusations de fraude contre son ancien PDG dans le dossier du Centre universitaire de santé McGill, de tenter de montrer patte blanche. SNC-Lavalin a indiqué qu'elle souhaitait sensibiliser le gouvernement à l'importance de lui permettre de participer aux grands projets.

Pour le Commissaire, ce n'est pas suffisant. Il note aussi l'absence d'autres grandes firmes. «Ce serait étonnant que Genivar, le Groupe Roche, le Groupe SM, Aecom, Axor, ADS, BBA et Hatch ne cherchent pas à influencer les décisions publiques», a souligné Émilie Giguère.