Québec aimerait s'attaquer à la pauvreté infantile qui sévit chez les Premières Nations - et le renouvellement d'une subvention de 5 millions $ visant à permettre à 14 villages inuits d'être mieux outillés pour faire face au coût élevé de la vie constitue un premier pas en ce sens.

L'annonce faite vendredi par la première ministre Pauline Marois survient deux jours après la publication d'une étude du Centre canadien de politiques alternatives suggérant que la pauvreté touche le tiers des enfants inscrits des Premières Nations au Québec, soit le double de la moyenne provinciale.

La leader péquiste a affirmé que cet enjeu avait été soulevé par les représentants du peuple inuit avec qui elle s'est entretenue lors d'une rencontre de travail en matinée à Montréal.

«Dans les dossiers que nous aborderons au cours des prochaines semaines, il y a celui de la pauvreté des enfants. Ça a été souligné d'ailleurs par les représentants du peuple inuit ce matin. On a bien indiqué que c'était l'un des enjeux sur lesquels on voulait pouvoir travailler ensemble», a précisé Mme Marois lors d'un point de presse.

Le prix exorbitant des biens et services - dopés par l'éloignement et l'absence de liens terrestres avec le sud du Québec - n'aide en rien cette triste situation.

Il s'agit en outre du «principal enjeu» qui a été soulevé par les représentants d'organisations inuites consultés par le gouvernement, a fait remarquer la première ministre.

«Nous sommes conscients qu'il s'agit d'une problématique beaucoup plus vaste que celle ciblée par la subvention annoncée aujourd'hui. Nous sommes néanmoins déterminés à identifier des solutions efficaces et durables à cette préoccupation», a-t-elle nuancé.

En ce jour national des peuples autochtones, Mme Marois a également confirmé l'octroi d'un budget de 1,4 million $ au parc national Tursujuq, le plus vaste du Québec, et le versement d'une somme de plus de 20 millions $ pour l'aménagement d'une route à Salluit et le financement de services municipaux pour 500 logements du Nunavik. Cette mesure est prévue au budget 2012-2013.

La première ministre a aussi signé une entente modifiant une clause de la Convention de la Baie James et du Nord québécois, grâce à laquelle le village nordique d'Ivujivil mettra la main sur quelque 5000 kilomètres carrés de terres pour son développement.

En matière de développement nordique, les velléités économiques du Canada - qui préside actuellement le Conseil de l'Arctique - ont suscité une levée de boucliers chez certains groupes sociaux et environnementaux.

Au mois de mai, l'organisation environnementale Greenpeace s'est inscrite en faux contre les stratégies préconisées par Ottawa et a déclaré qu'elle n'avait pas l'intention de «laisser le gouvernement Harper utiliser le Conseil de l'Arctique à sa guise pendant deux ans et planifier la destruction de l'environnement arctique».

Invitée à préciser de quelle façon les visions québécoise et canadienne sur le développement nordique se comparent à ce chapitre, Pauline Marois s'est montrée plutôt vague.

«Nous avons une relation de nation à nation avec les Inuits (...) et ce que nous souhaitons, c'est autant protéger notre environnement, nous assurer que les principes du développement durable s'y appliquent et que l'on respecte les communautés, en particulier dans leur culture, dans leur mode de vie et leur façon de faire», a-t-elle déclaré.

Le président de la Société Makivik, Jobie Tukkiapik, s'est réjoui des fruits de cette collaboration entre Québec et le peuple inuit.

«En tant qu'Inuits, nous sommes prêts à travailler (avec le gouvernement) pour aller de l'avant, a-t-il dit. Nous faisons partie du Québec (...) et nous voulons faire partie du processus de consultation sur le développement des communautés.»