Le gouvernement Marois exclut une loi spéciale pour mettre fin à la grève dans la construction. Au grand dam de Régis Labeaume. «Moi, je n'hésiterais pas. Ils ne passeraient pas la semaine, c'est certain! » a aussitôt réagi le maire de Québec, dont le chantier de l'amphithéâtre perd 200 000 $ par jour.

En marge d'une annonce gouvernementale à Québec, la ministre du Travail, Agnès Maltais, a demandé à l'Alliance syndicale et au patronat de cesser les «déclarations intempestives» et de se rasseoir à la table de négociation.

«J'exclus le recours à une loi spéciale, ça va se régler par la négociation», a-t-elle affirmé. Elle a insisté: «Il n'y a pas de loi spéciale en préparation, il n'y en a pas dans ma vision, il n'y en a pas dans ma tête. Il n'est pas question d'utiliser une loi spéciale. Ça fait 20 ans maintenant que ça se règle pas des négociations, alors on attend que ça se règle par la négociation.» Elle a téléphoné aux leaders des deux parties dimanche pour leur dire que le gouvernement ne règlera pas lui-même le conflit.

«Vous me permettrez cette expression: s'ils s'en vont dans mur, c'est eux qui sont au volant et qui doivent donner le coup de barre nécessaire», a-t-elle dit. Elle a réitéré sa confiance envers les conciliateurs impliqués dans le dossier.

La ministre n'a pas voulu jeter le blâme sur l'un ou l'autre des parties pour cette grève. Elle a toutefois souligné les changements récents survenus à l'Alliance syndicale. «Ça a bougé beaucoup, il y eu un changement à la tête de l'Alliance syndicale. Les leaders actuels, il faut qu'ils comprennent bien leur responsabilité. Il a beaucoup été question de loi spéciale, alors je dois rappeler aux leaders actuels qu'ils ont la responsabilité de négocier. C'est à eux de faire le travail», a-t-elle soutenu.

La ministre n'a pas voulu s'avancer sur le coût de cette grève pour le gouvernement. «Ça va dépendre de la durée, ça dépend si c'est possible de rattraper», s'est-elle contentée de dire.

Le maire de Québec, Régis Labeaume, connaît l'ampleur de la facture pour son projet d'amphithéâtre: 200 000 $ par jour. Et c'est sans compter les retards et les pénalités éventuelles. «Je leur conseille de régler au plus sacrant!» a-t-il lancé.

Il est en faveur d'une loi spéciale. «Je sais qu'Agnès ne veut pas de loi spéciale, mais moi, comme maire de Québec, je n'hésiterais pas», a affirmé M. Labeaume, qui participait à l'annonce de Mme Maltais.

Les patrons et les syndicats «n'ont la sympathie de personne», selon lui. «Je ne sais pas s'ils sont conscients de la portée de leurs gestes. C'est très néfaste pour l'économie», a-t-il déploré. «Vous allez peut-être me trouver dur, mais quand je regarde les demandes de chaque côté, ça se règle assez rapidement.»