La première ministre Pauline Marois a admis vendredi que son gouvernement a agi avec trop de précipitation en multipliant les changements dans des dossiers importants.

Mme Marois a cité notamment les réformes de la Charte de la langue française, du régime minier, des soins de fin de vie, la fin du nucléaire et de l'amiante, autant de questions qui ont suscité de vifs débats.

En présentant aux journalistes un bilan de son gouvernement minoritaire, après l'ajournement des travaux pour la période estivale à l'Assemblée nationale, Mme Marois a promis moins de projets et plus de calme au cours des prochains mois.

«Je crois que nous avons donc mis de l'avant trop de projets importants en même temps sans avoir le temps de les démontrer, de les expliquer, d'en faire la promotion, a-t-elle dit. Alors c'est à ça qu'on va travailler pendant les mois qui viennent.»

Deux importants dossiers promettent néanmoins d'animer les débats, l'automne prochain, alors qu'un projet de loi sur la laïcité est attendu, au moment où se poursuivront les travaux sur la réforme de la Charte de la langue française. avec le projet de loi 14.

Lors d'une conférence de presse, dans le grand hall de son ministère, Mme Marois a assuré que son gouvernement se concentrera ainsi sur les dossiers «majeurs».

«Il faut prendre le temps, on ne peut pas bousculer les gens comme on l'a fait», a-t-elle dit.

Peu après l'annonce de la relâche estivale des travaux parlementaires, vendredi, Mme Marois est apparue accompagnée par ses députés, qui ont affiché une humeur détendue, entonnant «Plaisir d'amour» et soulignant l'anniversaire prochain du député Daniel Breton en lui chantant la version adaptée de «Gens du pays».

La première ministre a ensuite présenté les réalisations de son gouvernement, entre deux panneaux où était écrit «Le Québec va mieux», à côté de trois flèches vers la hausse pour des indicateurs économiques.

Dressant son bilan personnel, après neuf mois de pouvoir, Mme Marois a reconnu que les dossiers chauds se sont bousculés à l'Assemblée nationale.

«Je suis la chef d'orchestre alors j'assume que parfois il y ait eu des gestes posés trop rapidement», a-t-elle dit en plaidant «l'enthousiasme».

Mme Marois a notamment fait valoir la nécessité de lutter contre la corruption et les malversations pour expliquer l'empressement de son équipe.

«On voulait faire bouger le Québec, je pense qu'on l'a fait bouger, le résultat est là, a-t-elle dit. Maintenant, on peut peut-être le faire de façon plus calme, un peu moins rapide. Mais ce que je dis, c'est qu'on est allés trop vite sur des grands projets, des grandes mesures, mais je ne dis pas que ce n'était pas les bonnes choses à faire.»

Les sondages des derniers mois placent le nouveau chef libéral Philippe Couillard en avance sur le Parti québécois, qui demeure en tête dans les intentions de vote des francophones.

Contrairement au chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, qui a attaqué M. Couillard au moment où il faisait son bilan, vendredi, Mme Marois n'a fait aucune allusion à son adversaire libéral.

Lors de la période des questions qui a suivi sa conférence de presse, la première ministre a cependant offert une explication à M. Legault, qui a exprimé son incompréhension devant l'engouement pour M. Couillard, qui n'est pas encore élu à l'Assemblée nationale.

«Quand on est absent et qu'on n'a pas à prendre position tous les jours, sur des sujets importants, parfois contentieux, c'est facile de s'en sortir et de ne pas être atteint», a-t-elle dit en réclamant qu'il se fasse élire rapidement comme député.

La fin de session a été marquée par deux démissions au cabinet de Mme Marois, soit sa directrice des communications, Shirley Bishop, et son rédacteur de discours, Stéphane Gobeil, deux «départs volontaires» annoncés la semaine dernière.

Mme Marois n'a pas pour autant donné d'indication que cela se traduira par un changement de cap dans sa stratégie de communication.

«Nous avons, jusqu'à maintenant, eu une stratégie correcte de communication, je ne veux pas élaborer là-dessus, a-t-elle dit. Je crois qu'on a manqué un peu de temps et c'est de temps dont on a besoin et là on en a un peu devant nous, alors on va utiliser ce temps-là pour aller à la rencontre de nos concitoyens.»