Le ministre de la Sécurité publique Stéphane Bergeron n'exclut pas la possibilité de sanctionner des fonctionnaires de la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ) qui auraient laissé les Hells Angels blanchir l'argent de la drogue à travers l'organisme gouvernemental.

«Nous n'en sommes pas là, mais ce n'est pas exclu», a-t-il dit au sujet d'éventuelles mesures punitives.

La Presse révélait mardi comment la Sûreté du Québec a déterminé que les Hells Angels ont utilisé la RACJ pour blanchir de l'argent à travers l'organisation de combats d'arts martiaux mixtes.

Des sacs bourrés de dizaines de milliers de dollars en billets de 20 $ étaient apportés à la Régie par le promoteur des combats, une entreprise que la police estimait contrôlée par les motards. La RACJ payait les combattants à même ces fonds.

Après les galas, le promoteur prétendait avoir versé par erreur trop d'argent. La Régie lui remettait la balance par un chèque certifié pour plusieurs milliers de dollars, donnant une provenance légale aux fonds.

«Ce sont des pratiques qui à première vue peuvent apparaître effectivement troublantes. Nous sommes à faire quelques vérifications. C'est une pratique qui n'a plus cours à la RACJ depuis déjà un certain temps», a expliqué le ministre Bergeron mardi. Il assure que «si on doit aller plus loin, on ira».

Le ministre souligne toutefois que les agissements de la Régie n'enfreignaient pas la loi. «C'est la raison pour laquelle il n'y a pas eu d'accusations, il n'est pas illégal de recevoir des paiements en argent comptant. Mais dans ce cas-là, ça pouvait laisser entendre qu'il y avait des trucs plus ou moins licites, du blanchiment», dit-il.

M. Bergeron a insisté sur le fait que l'ancien fonctionnaire responsable de ces questions à la RACJ, Mario Latraverse, a démissionné à l'époque «suite à des questions que nous [le PQ] avions posé sur son double emploi». L'affaire n'avait toutefois rien à voir avec les modes de paiements par les promoteurs.

Après l'élimination de cette pratique, des représentants de la Régie ont utilisé leur pouvoir légal pour tenter d'empêcher que l'affaire soit connue du public. Même le ministre de la Sécurité publique de l'époque, le libéral Jacques Dupuis, avait été tenu dans l'ignorance. 

Aujourd'hui, il souhaite des explications. 

«J'ai appris cette situation en lisant l'article ce matin. Il est évident que si j'avais été mis au courant de celle-ci à l'époque et au cours de mon mandat, j'aurais réagi immédiatement. En effet, toute transaction telle que celle rapportée dans l'article est troublante et commande que des explications soient fournies», a affirmé M. Dupuis dans un courriel à La Presse.