À la veille d'une visite officielle à Québec, Justin Trudeau a tenu des propos qui risquent d'irriter le gouvernement péquiste en place.

Après son tout premier caucus à titre de nouveau chef libéral mercredi, M. Trudeau a laissé entendre que la raison pour laquelle Québec n'avait pas signé la Constitution de 1982 était parce que son premier ministre de l'époque - René Lévesque - était souverainiste. Il a émis ces commentaires alors qu'il soulignait le 31e anniversaire de la Charte canadienne des droits et libertés, partie intégrante de la Constitution que Québec n'a toujours pas signée.

«Le NPD a toujours été particulièrement tiède dans son approche quant à la Charte des droits et libertés en raison de la façon malheureuse dont Québec a choisi de ne pas signer la Constitution parce qu'il avait un premier ministre provincial qui était souverainiste au début des années 1980», a-t-il avancé.

Il y a toutefois fort à parier que sa vision de l'histoire se heurtera à celle des politiciens québécois qu'il rencontrera jeudi.

Aucun des premiers ministres qui ont suivi M. Lévesque, y compris les fédéralistes, n'ont voulu signer la Constitution, estimant que le Québec n'y tirait pas son compte.

Mardi, l'Assemblée nationale a par ailleurs voté unanimement en faveur d'une motion demandant de faire la lumière sur les circonstances entourant son rapatriement. Dans son livre «La bataille de Londres» paru récemment, l'historien Frédéric Bastien soutient que le juge en chef de la Cour suprême du Canada de l'époque, Bora Laskin, aurait communiqué des informations confidentielles lors de délibérations sur la procédure de rapatriement.

M. Trudeau doit rencontrer le chef du Parti libéral du Québec (PLQ), Philippe Couillard, et celui de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, jeudi. L'agenda de la première ministre Pauline Marois n'était toutefois pas compatible avec le sien.

«J'ai hâte d'échanger sur ces sujets avec les chefs de partis à Québec, mais j'ai encore plus hâte de parler d'économie, d'environnement, d'éducation, de notre système de santé, de nos programmes sociaux et des enjeux sur lesquels les Canadiens se sont exprimés pendant cette campagne au leadership», a noté M. Trudeau.

Le chef fraîchement élu des libéraux fédéraux avait choisi d'amorcer son tout premier caucus à titre de chef libéral en faisant l'apologie de la Charte canadienne des droits et libertés, l'un des héritages de son père, Pierre Elliott Trudeau.

Devant députés, sénateurs et personnel politique, M. Trudeau a soutenu que ce qui distinguait son parti de celui des conservateurs et celui des néo-démocrates, c'était justement cette Charte.

Selon lui, les conservateurs refusent de la célébrer parce qu'ils n'ont pas confiance dans le «mécanisme» qui assure les droits et libertés des Canadiens.

Les néo-démocrates quant à eux sont à ses yeux en «conflit» sur la question, par calcul politique, parce qu'ils ont choisi de «se plier» aux souverainistes qui n'apprécient pas cette législation.

Le chef néo-démocrate Thomas Mulcair a rétorqué que c'était complètement faux. Tout en signalant l'importance de la Charte, il a soutenu qu'il était «inacceptable» que l'une des provinces-clés en soit exclue.

«Les libéraux ont perdu le Québec il y a une génération et ne supportent pas qu'avec une offre positive et optimiste, le NPD est en train de connecter les Québécois avec le Canada à nouveau», a affirmé M. Mulcair.