Les jumelles Marie-Pier et Sophie Vermette-Lacroix sont des habituées de la finale de l'Expo-sciences pancanadienne. L'année dernière, leur invention Attention, bébé à bord a remporté la troisième place, et le mois dernier, elle a été citée par une coroner. Les soeurs de 16 ans sont nos personnalités de la semaine.

Les inséparables jumelles cherchaient un sujet pour un projet Expo-sciences quand elles sont tombées sur une terrible nouvelle: un bébé mort, oublié dans une voiture.

Voilà le genre de drame qu'on veut prévenir, se sont-elles dit, partant dans leur tête, sur leurs ordis et auprès de leurs proches à la recherche d'une solution.

C'est ainsi qu'est né Attention, bébé à bord, le dispositif de sécurité qu'elles ont inventé alors qu'elles étaient en troisième secondaire, et pour lequel elles ont fini à la troisième place à la finale de l'Expo-sciences pancanadienne en 2017.

Mais l'histoire de nos personnalités de la semaine ne s'arrête pas là. Le mois dernier, lorsque la coroner a publié son rapport sur la mort du poupon, en 2016, à Saint-Jérôme, elle a rappelé l'existence de l'invention, le citant comme une solution possible pour prévenir de telles tragédies.

« J'ai lu que deux jeunes filles d'une école secondaire de la région métropolitaine ont présenté, lors de la finale canadienne d'Expo-sciences à Regina en mai 2017, un dispositif appelé : Attention, bébé à bord », a écrit la coroner Denyse Langelier.

Le système mis au point par les jeunes femmes est simple : deux détecteurs de poids, l'un sur le siège du bébé, l'autre sur le siège du conducteur, sont mis en relation de manière qu'une alarme se déclenche s'il n'y a plus de poids sur le siège du conducteur, mais qu'il y en a encore sur le siège du bébé.

« On voulait que ça soit fiable, accessible, facile à installer, peu coûteux. » - Sophie 

L'alarme évoque celle servant à prévenir les vols de voiture. 

Il existe actuellement sur le marché plusieurs systèmes, dont des détecteurs de mouvement, pour prévenir ces oublis. La coroner s'est d'ailleurs étonnée, dans son rapport, que le gouvernement n'exige pas des constructeurs automobiles qu'ils implantent des dispositifs dans les voitures, alors que les technologies existantes le permettent. Le système des jeunes femmes est basé sur un principe simple qui ressemble à celui qui existe déjà pour avertir les passagers de mettre leur ceinture de sécurité. 

Actuellement, les deux capteurs sont reliés par un fil, mais les deux scientifiques en herbe travaillent sur une nouvelle version Bluetooth qui serait connectée notamment avec la clé de la voiture. En même temps, les soeurs ont mis la machine en branle pour faire breveter leur invention. « On est vraiment beaucoup aidées par Jocelyn Charbonneau, le père d'une de nos amies, un "architecte de logiciels", raconte Marie-Pier. C'est vraiment un bon prof. »

Ce qu'elles apprécient, entre autres : qu'il ne leur donne pas de solutions toutes faites, mais les encourage à les trouver elles-mêmes.

L'AMOUR DE LA SCIENCE

Les jumelles participent aux Expo-sciences chaque année. Cette année, c'est la première fois qu'elles ne se rendaient pas en finale pancanadienne, avec leur projet sur la présence de bactéries pathogènes dans nos sacs à épicerie qu'on néglige de laver régulièrement. Oui, elles sont déçues, entre autres de ne pas revoir les autres élèves de partout au Canada avec qui elles se sont liées d'amitié, à force de toujours se rendre aux finales nationales. Les Expos-sciences, disent-elles, c'est aussi ça. Un réseau de jeunes qui ont en commun de s'intéresser à la science. 

Leurs projets au fil des ans ?

En première secondaire, elles se sont penchées sur la maladie de Lyme et, en deuxième secondaire, sur le « museau blanc », infection au champignon qui attaque les chauves-souris, mangeuses d'insectes dont nos écosystèmes ont immensément besoin. En troisième secondaire ce fut « bébé à bord », puis, cette année, les sacs réutilisables.

D'où leur vient cette passion pour la science ? Probablement de leur mère, pensent-elles, nutritionniste qui travaille à Sainte-Justine et qui les a toujours encouragées à s'intéresser à tout, en les amenant au Biodôme, au Jardin botanique, dans les musées. Leur père, lui, travaille dans les technologies de l'information. Et leurs profs de sciences, disent les deux jeunes élèves de l'école Pierre-Laporte, à Mont-Royal, ont toujours été bons. Et les Expo-sciences, ajoutent-elles, sont de bonnes sources de motivation, même si le nombre d'heures de travail que cela nécessite, disent-elles, est impressionnant. Pourtant, n'ont-elles pas aussi lancé une petite entreprise ? Une friperie scolaire pour recycler les uniformes à leur école ! Petit commerce auquel elles vont ajouter, cette année, un volet fournitures scolaires à bas prix. Et ai-je mentionné qu'elles écrivent dans le journal étudiant ? Et êtes-vous bonnes à l'école, les filles ? « Euh... oui. Pas mal », répondent-elles, un peu timides.

Marie-Pier et Sophie vont en plus retourner à l'Expo-sciences avec un nouveau projet cette année, c'est certain. Peut-être la version améliorée de leur dispositif. 

Et où va-t-on retrouver les deux jeunes de Mont-Royal ensuite ? Probablement au collège André-Grasset, comme leur grande soeur, qui vient d'entrer en médecine. Quand je leur demande où elles se voient dans dix ans, elles me disent : « On sera en sciences, c'est sûr. Proches de notre famille. Peut-être encore aux études. »