Ce n'est pas vers le monde bancaire que Nadine Renaud-Tinker se destinait au départ. Elle gère aujourd'hui 7000 personnes un peu partout dans la province.

Nadine Renaud-Tinker adore les films de Star Wars, la méditation et la psychologie, le domaine où elle a d'abord étudié.

Elle aime aussi les chiffres, surtout ceux qui grimpent, le service à la clientèle efficace, les entreprises qui rayonnent au sein de leur communauté et apprendre toujours plus sur l'art d'accroître le sens du leadership au sein d'équipes de travail.

Et elle vient d'être nommée à la présidence de la RBC Banque Royale pour le Québec. Pas une nomination banale. Les très hautes directions des banques pancanadiennes ne débordent pas de femmes de 42 ans québécoises et francophones, comme notre personnalité de la semaine.

Mme Renaud-Tinker n'a pas toujours vécu au Québec, cependant. Fille unique d'un couple de diplomates, dont une mère pionnière dans le réseau des Affaires étrangères qui ne connaissait pas ça, à une certaine époque, les émissaires mères de famille.

Elle a passé son enfance dans 12 pays différents. Sénégal, Côte d'Ivoire, Algérie, Maroc, Afrique du Sud, Kenya, Belgique, Portugal, France, Tanzanie...

La liste est longue. Mais à travers tous ces déménagements, un ancrage demeurait : trois mois d'été au Québec tous les ans, routine qui a forgé chez la jeune femme un sentiment d'appartenance unique à un lieu : ici.

« Quand on voyage beaucoup, comme le faisait notre famille, on apprend à se débrouiller, mais c'est important de savoir où c'est, chez nous », confie la dirigeante d'entreprise, en entrevue dans les salles de réunion tout en haut de la Place Ville Marie, où est installée la direction de la banque au Québec.

Nadine Renaud-Tinker n'a pas grandi en rêvant d'être banquière ou présidente d'une grande société.

C'est plutôt en psychologie qu'elle a fait ses études universitaires à Ottawa, après avoir annoncé à ses parents, à 17 ans, qu'elle arrêtait de les suivre, pour étudier chez elle. Un été, elle trouve un premier emploi aux Laboratoires Biron à Montréal. Puis, en 1998, un autre poste qui se voulait temporaire, dans une succursale de la Banque Royale, lui fait découvrir l'univers des banques. Là, comme conseillère au service à la clientèle, elle réalise qu'elle adore ce monde, cette entreprise, où il y a 80 000 employés et des centaines de possibilités de promotions, de postes différents, d'univers différents.

Et elle y est encore.

Elle a été directrice de succursale, planificatrice financière, gestionnaire et cadre à divers postes, tant du côté des particuliers que du commercial. D'ailleurs, elle était à la vice-présidence de tout ce secteur au Québec depuis 18 mois quand elle a été nommée présidente pour prendre la place de Martin Thibodeau, muté en Colombie-Britannique. Entre-temps, elle a suivi des formations en finance et obtenu une maîtrise exécutive en gestion de l'Université d'Athabasca. « Je me suis souvent sortie de ma zone de confort dans ma carrière », dit-elle. Elle a passé une bonne partie du temps à Toronto, où son mari avait été muté quand la Bourse de Montréal avait fermé, avant de revenir ici il y a un an et demi.

Comment réussit-elle à occuper un poste aussi exigeant avec deux jeunes enfants de 9 et 3 ans ? Son mari et elle ont choisi leur équilibre à eux. Lui est aussi issu du monde la finance et travaille comme consultant, avec toute la flexibilité que cela permet.

Elle a choisi de ne pas essayer d'être la mère présente partout en semaine. Elle n'essaie pas de conduire ou d'aller chercher ses enfants à l'école tous les jours.

«  Oui, je fais des sacrifices », dit-elle. « Passer les soirs de semaine à la maison tout le temps, ce n'est pas possible. » Mais n'essayez pas de la convaincre d'aller à une rencontre de travail à partir du vendredi soir jusqu'au lundi matin. Le week-end est réservé à la famille, et rien d'autre.

Ses objectifs à la tête de l'équipe de 7000 personnes, dans 150 succursales de la province ? D'abord de les connaître. Et Nadine entend aller à leur rencontre dans le cadre d'une vaste tournée panquébécoise durant les prochains mois. « Je veux qu'ils soient motivés, mobilisés, heureux. » Essentiel pour faire croître les affaires. Pour mieux servir la clientèle. Parce que Nadine entend faire grimper les actifs de la banque de 100 milliards à 150 milliards, d'ici cinq ans. Rien de moins.

Et à travers tout cela, continuer de réinvestir dans la communauté, dans le cadre de multiples activités de financement où la banque peut soutenir tant les arts que l'éducation ou la santé. « En 2019, on va avoir notre course ! Je n'en dis pas plus. C'est à suivre. »

Y sera-t-elle ?

Sûrement. Nadine trouve le temps, malgré tout, de faire du sport, du yoga, de la méditation. « Ça prend ça, pas juste pour les retombées physiques. Aussi psychologiques. »

Pour être bien dans sa tête. Et pour pouvoir avoir un impact positif sur les autres. « Pour moi, c'est ce qui compte le plus. »

« J'espère inspirer les autres. Et peut-être aussi inspirer d'autres femmes à devenir des leaders. »

Nadine Renaud-Tinker en quelques choix

Un livre ?

N'importe quel ouvrage d'Albert Camus ou encore, plus côté travail, Mindful Leadership de Maria Gonzales.

Un film ?

« En ce moment, dans ma vie, le cinéma, c'est en famille. Alors je dirai que j'adore les Star Wars ! »

Une citation ?

« Les gens oublieront ce que tu as dit, ils oublieront ce que tu as fait, mais ils n'oublieront jamais ce que tu leur as fait ressentir. » - Maya Angelou

Un personnage contemporain ?

Michelle Obama

Un personnage historique ?

Helen Keller

Une cause pour laquelle elle sortirait manifester ?

L'accès des enfants aux meilleurs soins de santé possible.