La carrière exceptionnelle de la joueuse et entraîneuse de hockey Danielle Goyette - qui a notamment remporté huit médailles d'or en championnat du monde - a été célébrée le week-end dernier lors de son intronisation au Temple de la renommée du hockey. Elle est notre personnalité de la semaine.

Danielle Goyette, la joueuse et entraîneuse, a adoré toutes les cérémonies qui ont marqué son intronisation au Temple de la renommée du hockey, le week-end dernier. « Probablement la meilleure fin de semaine de ma vie », dit-elle en entrevue téléphonique de Calgary, où elle travaille.

Mais ce qui a fait le plus plaisir à notre personnalité de la semaine, c'était de vivre ça avec sa famille. Des gens qui ne parlent pas anglais, pour la plupart, et qui n'ont jamais réellement pu suivre sa carrière, dit la femme de 51 ans, puisqu'une bonne partie s'est passée à l'extérieur du Québec. 

« Qu'ils voient finalement tout ce que j'ai fait, qu'ils puissent comprendre ce que ça signifie, ça, ça m'a fait vraiment plaisir. »

- Danielle Goyette

Danielle Goyette est la cinquième femme et la première Québécoise admise au Temple de la renommée, parce qu'elle a eu une carrière exceptionnelle de pionnière, d'entraîneuse et d'ailière gauche dans le hockey féminin canadien. Danielle est une compteuse, une femme à l'attaque, qui a joué au hockey dans neuf championnats du monde - huit médailles d'or et une d'argent -, trois Jeux olympiques d'hiver, en 1998 (où le Canada a gagné l'argent), en 2002 (médaille d'or) et en 2006 (médaille d'or). Elle a aidé un peu à l'entraînement aux Jeux de 2010 et est revenue en force comme entraîneuse adjointe aux Jeux de 2014, avec une fabuleuse médaille d'or gagnée durant les toutes dernières minutes de jeu. C'est aussi elle qui a ouvert la porte de son vestiaire à une ado appelée Hayley Wickenheiser et qui lui a enseigné le hockey. La plus grande joueuse de l'histoire.

Tout a commencé quand Danielle était enfant, à Saint-Nazaire, près de Drummondville. C'est là qu'habitait sa famille : huit enfants, sept filles et un garçon, et des parents qui exploitaient le magasin général, avant d'ouvrir un restaurant, tout en conduisant des autobus et en faisant des ménages. Son père et sa mère travaillaient tous les deux « et ils ont toujours eu chacun deux jobs ».

Avec une telle famille, dit-elle, ils n'avaient pas le choix. Et leur persévérance au travail, leur ténacité ont été, pour elle, une grande leçon.

L'ont-ils encouragée à jouer au hockey ? « Pour eux, une balle, c'était une balle », dit-elle. La même chose pour un gars ou une fille. Elle a pratiqué tous les sports, du tennis au hockey. Quand elle était jeune, elle jouait dehors avec les autres enfants. Elle avait 4 ou 5 ans quand elle a pris son premier bâton de hockey, 15 ans quand elle a commencé à jouer de façon plus structurée avec une équipe de femmes de Saint-Hyacinthe, où elle étudiait. 

« Moi, j'ai grandi dans un milieu où jamais on ne m'a dit : "T'es une fille, donc tu ne peux pas jouer." »

- Danielle Goyette

Mais cette phrase, elle l'a entendue ailleurs.

Pendant des années, la jeune fille mordue de hockey n'a pas pu jouer beaucoup parce que le hockey féminin était très peu répandu. Les occasions de jouer sérieusement étaient donc rares. Cela ne l'empêchait pas de regarder les matchs du samedi soir et de sortir ensuite à la patinoire, dans le noir, seule avec ses patins, à essayer d'imiter les gestes de ses idoles, de Guy Lafleur à Matts Naslund. Mais pour jouer en équipe, elle devait toujours attendre après les autres.

« IL N'Y A PAS PLUS MACHO QUE ÇA »

Ce n'est que bien des années plus tard, après le cégep, dans la vingtaine puis la trentaine, qu'il est devenu possible pour elle de s'entraîner quotidiennement, parfois à coups de trois, quatre, même sept heures par jour, plutôt que de se contenter de matchs hebdomadaires. Et c'est à travers tout ça aussi que la vie, de match en match, avec un déménagement à Calgary pour apprendre l'anglais, l'a amenée aux championnats du monde et aux Jeux olympiques. Danielle Goyette a joué dans son premier championnat du monde à 26 ans. À cette époque-là, elle travaillait chez un des commanditaires de l'équipe nationale, Home Depot. Elle pouvait faire une semaine de 20 heures seulement, en échange d'un plein salaire, et jouer le reste du temps.

Puis, en 2007, l'Université de Calgary lui a offert de devenir l'entraîneuse officielle de l'équipe féminine. Elle y est encore.

Difficile de faire carrière dans le hockey quand on est une femme ? « Il n'y a pas plus macho que ça », répond-elle. « Mais j'ai quand même toujours été respectée », dit-elle. Et à Calgary, le hockey amateur est une vraie passion. « C'est très fort ici. » C'est valorisé.

Et ce qui la réjouit, c'est que ce sport féminin est en pleine croissance. Le nombre de jeunes femmes qui le pratiquent augmente de façon exponentielle chaque année. « On est rendu à 90 000 jeunes femmes qui jouent, dit-elle. C'est pas mal pour un sport de machos ! »