Quand la jeune Outremontoise Babette Roy était toute jeune, elle grimpait partout. Sur les poteaux, les arbres, les armoires, les cadres de porte...

Les cadres de porte ?

« Oui, il y a des rebords sur les cadres de porte, tu vois ce dont je parle ? Je grimpais sur ça... »

Comme il n'y avait rien à faire pour l'arrêter, ses parents ont décidé de l'envoyer dans un centre d'escalade, à Horizon Roc, dans Hochelaga-Maisonneuve. Elle avait 8 ans. Aujourd'hui, notre personnalité de la semaine en a 15, s'entraîne maintenant à Allez Up à Pointe-Saint-Charles, elle vient de terminer en deuxième place de la compétition d'escalade au Championnat panaméricain junior. Et elle vise les Jeux de Paris en 2024, puisque cette discipline fait maintenant partie du répertoire olympique.

Babette a toujours été sportive, raconte- t-elle. Sa mère est professeure de yoga et de « danga », combinaison de danse et de yoga. Et son père, ébéniste d'origine allemande venu au Québec par amour, a toujours couru. Dans la famille, bouger fait profondément partie de l'ADN. Quand elle était petite, il n'était pas rare de croiser Babette dans de grands événements de course avec son frère et ses parents. Un demi-marathon ou un 10 km pour les adultes, un 1 km ou un 2 km pour les enfants...

Aujourd'hui, Babette court toujours. Elle fait aussi de la musculation. Et elle grimpe comme jamais. Trois heures par jour. Pratiquement tous les jours.

Sa vie, son sommeil, son alimentation sont encadrés par son sport et par tous les efforts qu'elle y met avec son entraîneur qu'elle admire, Marc-Antoine Vigneault.

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« Je ne pense pas que j'ai une spécialité », dit l'adolescente quand on lui demande ce qu'elle préfère dans ce sport qui est surtout pratiqué à l'intérieur. Qu'on se le dise : l'escalade n'a rien à voir avec l'alpinisme, explique Babette, qui n'a aucunement l'intention de gravir l'Everest un jour.

L'escalade, c'est uniquement trouver une façon de se hisser en haut de parois verticales. Donc, cela fait partie de l'alpinisme, mais dans l'alpinisme, il y a en plus du camping, de la marche et compagnie, aspects que l'athlète ne semble pas trouver particulièrement intéressants. Cela dit, si Babette voit une paroi rocheuse dehors, elle s'y intéresse. « Je regarde où sont les prises... » Un voyage à Cuba, où on peut faire de belles grimpées extérieures, est sur sa liste de projets, un jour...

À Montréal, la semaine dernière, où avait lieu Le Championnat panaméricain junior d'escalade , elle a fini en deuxième place au total des points, mais elle a terminé de façon inattendue en première place de l'épreuve dite de « bloc ».

Parce que les compétitions d'escalade se déclinent en trois volets.

Il y a les blocs - ce qu'elle a gagné -, où les concurrents ne grimpent pas très haut, peuvent tomber et recommencer, ne sont pas assurés et doivent trouver une façon de terminer quatre parcours remplis d'embûches dont ils ne savent rien avant de commencer.

Les compétitions comprennent aussi des épreuves de vitesse et d'ascension plus classiques, en hauteur, où, cette fois, les grimpeurs sont assurés, c'est-à-dire attachés par des cordes au cas où ils tomberaient.

« Selon moi, je suis équivalente dans les trois », dit-elle. « Mais peut-être qu'à l'international, c'est un peu plus difficile pour la vitesse. »

Parce que Babette fait plusieurs événements internationaux depuis qu'elle est entrée dans l'univers des compétitions à l'âge de 9 ans. Elle est allée à Innsbruck aux championnats mondiaux, se prépare à ceux de Central Saanich l'été prochain, en Colombie-Britannique.

Encore une compétition au Canada ? Oui, mais c'est bien plus un sport européen, répond l'athlète. Les Français, qui ont beaucoup contribué au développement de cette discipline, sont très forts. Mais ce sont les Japonais les plus redoutables, précise la jeune femme.

Et devra-t-elle manquer un peu d'école à travers tout ça, si elle veut se rendre jusqu'aux Jeux de Paris dans sept ans ? Bien sûr, répond l'adolescente, qui est en quatrième secondaire à l'école Paul-Gérin-Lajoie à Outremont. « J'en manque déjà avec tous les entraînements ! Mais je me rattrape, ça va. Et l'escalade, c'est de plus en plus ma vie. »

Babette Roy en quelques choix

• Un livre ? Abarat de Clive Barker

• Un film ? Le monde de Narnia

• Une phrase ? « Ce n'est pas ma préférée, mais c'est celle que j'applique : "On n'a rien sans peine." »

• Un personnage historique ? Kurt Cobain

• Un personnage contemporain ? Pierre Lapointe

• Si tu manifestais, ce serait pour quelle cause et qu'y aurait-il d'écrit sur la pancarte ? « Je manifesterais pour défendre le fait que nous sommes tous égaux. Il n'y a personne qui mérite de vivre mieux qu'un autre. Je sais que c'est vaste. Hommes et femmes, hétérosexuels, gais, trans, Noirs ou Blancs, handicapés, pas handicapés, etc. Et sur ma pancarte j'écrirais : "Humains !" »