Membre fondateur du très populaire groupe disco Boogie Wonder Band, Carl Paradis, aussi connu sous son nom de scène Dr Tony Fever, était un trompettiste connu et apprécié de la communauté musicale québécoise de même qu'un enseignant dévoué à ses élèves du Collège Jean-Eudes.

Le disco n'est jamais mort, mais il vient de perdre l'un de ses meilleurs et plus fervents interprètes. Le trompettiste Carl Paradis, membre fondateur du très populaire Boogie Wonder Band, s'est éteint le 18 mars dernier à l'âge de 41 ans, emporté par un cancer du cerveau. «Sur scène, il était Dr Tony Fever, celui qui guérissait les gens grâce au disco... La vie est parfois bien ironique», lâche la leader du groupe, Isabelle Barbeau, alias Boogie Cindy, bouleversée par la perte de celui qu'elle considérait comme son frère.

Le Boogie Wonder Band était une deuxième famille pour Carl Paradis. Vêtu de paillettes et de pantalons à pattes d'éléphant, il y a joué pendant près de 18 ans. Il n'a manqué pratiquement aucune des quelque 3000 prestations offertes par le groupe aux quatre coins du monde. «Même s'il était affecté par la maladie, il est resté avec nous, remarque Isabelle Barbeau. Il a donné son dernier spectacle en septembre. Mais s'il avait pu continuer, il l'aurait fait. La musique était sa passion. Il était une véritable bête de scène. Il avait d'ailleurs plusieurs fans.»

L'une des admiratrices de la première heure de Carl Paradis n'était nulle autre que sa femme, Ann-Sophie Joyal, avec qui il a eu deux enfants, Adèle, 9 ans, et Émeric, 6 ans. «Le Boogie Wonder Band existait depuis à peine un an quand on s'est rencontrés, raconte-t-elle. J'assistais souvent aux spectacles que le groupe donnait à proximité du campus de l'Université de Montréal où j'étudiais. J'ai croisé Carl à Québec, après une prestation. Et on ne s'est plus jamais quittés. Son départ laisse un immense vide dans ma vie...»

Persévérant et rigoureux, le musicien se faisait un devoir de répéter chaque jour. Sa trompette le suivait d'ailleurs partout où il allait. «Il l'a apportée en voyage de noces!», dit Ann-Sophie Joyal, un sourire dans la voix malgré tout. Il ne s'en est jamais départi, même lorsqu'il a été admis dans une résidence de soins palliatifs.

«Il était doté d'une grande sensibilité et d'une musicalité exceptionnelle, affirme Jérôme Chamberland, le batteur du Boogie Wonder Band et parrain d'Éméric. Il pouvait jouer des notes très difficiles à atteindre. Son talent était toutefois le fruit d'un travail acharné.»

Carl Paradis avait le souci de transmettre son art aux autres, lui qui enseignait depuis une dizaine d'années au Collège Jean-Eudes. «Il attachait beaucoup d'importance au progrès de ses élèves», se rappelle Alain Bergeron, responsable du département de musique. Les adolescents le lui rendaient bien. Ils étaient très attachés à lui. «Son décès les affecte beaucoup, poursuit M. Bergeron. J'ai observé une minute de silence en son honneur avec mon orchestre de deuxième secondaire et je crois n'avoir jamais ressenti une émotion aussi forte dans la classe.»

Si le trompettiste s'avérait des plus sérieux dans son travail, il n'avait en revanche pas son pareil pour détendre l'atmosphère. «Carl était un farceur-né, déclare Jérôme Chamberland. Il blaguait tout le temps. Toutes ces heures passées sur la route en tournée à rire avec lui, je m'en souviendrai toujours.»

Carl Paradis laisse aussi dans le deuil sa mère Marie-Claire Deschênes, son demi-frère Éric Bergeron, son oncle, ses tantes, ses beaux-parents France et Richard Joyal, son beau-frère Maxime et sa conjointe Stéphanie, ses cousins et cousines ainsi que de nombreux amis et fans.